4 ans de prison ferme pour l'incendiaire de la cathédrale de Nantes
30 mars 2023 à 8h13 par Joséphine Point
L'homme d’une quarantaine d’années, qui a reconnu les faits, est également mis en examen pour l’assassinat d’un prêtre en 2021 en Vendée.
L'incendiaire de la cathédrale de Nantes en 2020, Emmanuel Abayisenga, 42 ans, de nationalité rwandaise, a été condamné ce mercredi 29 mars à 4 ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de la ville, qui a retenu une altération du discernement de cet homme au moment des faits.
Le tribunal a assorti la condamnation d'une interdiction de porter une arme et de séjourner dans le département de Loire-Atlantique pour une durée de 5 ans.
L'homme, fragile psychologiquement, était poursuivi pour dégradation et destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes.
Son avocate, Me Meriem Abkoui, qui avait plaidé l'abolition du discernement au moment de l'incendie, estime toutefois que "la question de sa responsabilité pénale demeure". "Il y a beaucoup d'aléas dans ses réponses qui manquent parfois de cohérence", a-t-elle déclaré après le jugement, disant attendre les résultats des expertises psychiatriques dans une autre procédure. Emmanuel Abayisenga est en effet mis en examen pour l'assassinat du père Olivier Maire en août 2021 en Vendée. Son procès pourrait se tenir fin 2024 selon son avocate.
Une "perte de contrôle"
"C'est bien une vaste colère et un sentiment de vengeance lié à sa situation administrative qui est à l'origine de cette mise à feu consciente et méthodique", a argumenté la procureure Véronique Wester-Ouisse.
Vêtu d'un blouson rouge, le visage émacié, très affaibli, le prévenu arrivé en France en 2012 et bénévole pour le diocèse de Nantes depuis 2016, a été autorisé à rester assis dans son box pour répondre aux questions de la présidente du tribunal.
Il a reconnu les faits dès le début de l'audience, expliquant qu'il s'était rendu au petit matin dans la cathédrale pour prier afin de "trouver un apaisement" mais qu'il avait ensuite "perdu le contrôle" en passant devant un endroit de l'édifice où il avait subi une violente agression le 31 décembre 2018. "Depuis ce jour, je regrette ce qui s'est passé", a ajouté Emmanuel Abayisenga, qui s'exprimait parfois en français et parfois en langue rwandaise, assisté par une interprète.
"Je voulais donner ma contribution au pays qui m'a accueilli mais ça ne s'est pas passé comme ça", a-t-il ajouté avant de demander "pardon".
Les trois foyers d'incendie allumés dans la cathédrale ont entièrement détruit le grand orgue datant de 1619, le clavier de l'orgue de choeur et un tableau de 1836 de Flandrin représentant Saint-Clair guérissant les aveugles. L'avocat de l'État, propriétaire de l'édifice, chiffre l'ensemble du préjudice à plus de 40 millions d'euros. L'édifice devrait rouvrir partiellement fin 2024.
(avec AFP)