A Brest, il sera bientôt possible d’habiter dans une maison en carton

1er août 2023 à 10h44 par Marie Piriou

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Développer l’habitat de demain, c’est l’objectif de Brest métropole Habitat. Pour y parvenir, la ville prévoit de concevoir des quartiers plus écolo, notamment en construisant des maisons à base de carton, plutôt que de béton.

Un visuel représentant les futures maisons en carton que l'on retrouvera à Brest.
Un visuel représentant les futures maisons en carton que l'on retrouvera à Brest.
Crédit : DR Yannick Jegado Architecte

La ville de Brest mise sur le carton pour bâtir les maisons de demain. Six pavillons fabriqués à base de carton vont sortir de terre au premier trimestre 2024. Des pavillons isolés par du carton recyclé, pour le prix d’une construction classique, mais avec un impact environnemental faible. Ces maisons en carton seront disponibles à la location, dans le quartier de la Fontaine Margot. Entretien avec le directeur général de Brest métropole habitat Georges Bellour.

 

Pouvez-vous nous expliquer les spécificités de ces maisons particulières ? 

Ces maisons présentent une isolation en cartons recyclés. Ce qui permet une réutilisation d’un produit déjà utilisé, avec des qualités phoniques et isophoniques intéressantes. Cela s’inscrit aussi dans une ossature bois, qui est posée sur des pieux métalliques, donc sans imperméabilisation des sols dessous. C’est un nouveau concept qui nous permet de nous inscrire dans notre stratégie de développement durable et, surtout, notre concept d’habitats de demain que nous développons depuis plusieurs années.

 

Qu’est-ce qui vous a convaincu dans ce projet de maisons en carton ?

Nous avons tous compris qu’il va falloir changer les manières de vivre, tout simplement, mais aussi de produire. Le bâtiment est quand même l’un des secteurs qui émet beaucoup de CO2. Cela fait plusieurs années qu’on planche sur un concept d’habitats de demain. On a déjà développé d’autres produits innovants par le passé. Donc on poursuit cette démarche. Evidemment, à termes, c’est d’essayer d’avoir des formes d’habitats reproductibles, qui vont rentrer dans les objectifs de la transition écologique.

 

Ces maisons seront surélevées et, surtout, il n'y aura pas de dalle béton sous ces maisons. C'est un véritable atout de plus pour vous ?

C’est une anticipation, comme le dit très bien le concepteur du produit Ipac. Il s’agit d’anticiper la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) qui va être extrêmement stricte sur l’imperméabilisation des sols. Donc en évitant d’avoir un sol dallé, cela permet à l’eau de pénétrer et de s’infiltrer dans la terre.

 

Ces maisons en carton, est-ce une première en France ?

C’est une première en France pour des bailleurs privés ou promoteurs. Il y a déjà eu des opérations de particuliers, mais en termes de promotion publique, oui, c’est une première.

 

 

Est-ce un projet compliqué, du fait qu'il soit innovant ?

C’est compliqué, dans la mesure où on n’est pas dans les normes habituelles de la construction. Donc cela nécessite beaucoup de persévérance et, notamment, du concepteur. De notre côté, il s’agit de convaincre les assureurs et les bureaux de contrôles techniques de nous autoriser à lancer ce type de produit.

 

Combien de maisons en carton seront alignées dans ce quartier et à partir de quand seront-elles disponibles à la location ?

Six pavillons seront livrés d’ici la fin de l’année. Donc une entrée dans les lieux en début d’année prochaine.

 

Des maisons en carton en Bretagne avec les tempêtes qu'il peut y avoir parfois, ce n'est pas un peu risqué ?

Non. Parce qu’heureusement c’est quand même un produit qui a déjà fait ses preuves, justement, auprès de particuliers. Pour exemple, il y a un gîte à Belle-Île-en-Mer qui est équipé de ce produit depuis dix ans et qui a franchi sans encombre les dix ans de la décennale. C’est aussi du carton qui est en membrane, qui est étanche à l’air et à l’eau. Donc nous ne sommes pas très inquiets.

 

Quels sont les différents avantages de ces maisons pour vous, écologiquement parlant ?

C’est le recours au bois, c’est le recours à du carton, donc, du recyclage. C’est un confort aussi thermique intérieur pour les locataires, parce qu’il ne faut pas oublier cet aspect-là. C’est donc, un peu, une nouvelle forme de constructions et d’habitats de demain.

 

Quel est le coût d'une maison telle que celles-ci ?

On est autour de 247 000 euros.

 

Pensez-vous déjà développer ce concept, ici à Brest, et faire un carton avec ces maisons ?

C’est une chose à laquelle on n’a pas encore réfléchi. Mais on verra, oui, si c’est un produit qu’on poursuit en développement et, plus tard, en collectif. Puisque le pavillonnaire va quand même devenir le modèle le plus rare dans les années qui viennent.

 

Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac