Bientôt une consigne pour les bouteilles en plastique ?
30 janvier 2023 à 10h22 par Joséphine Point
Le gouvernement relance le débat sur la mise en place éventuelle de consignes pour les bouteilles plastique en France, une initiative envisagée lors du vote de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) en 2020, mais avortée sous la vive opposition des collectivités locales.
Crédit : illustration Envato - DR
Acheter un peu plus cher sa bouteille d'eau puis la rapporter au supermarché, vide, contre quelques centimes rendus par un automate ? Ce sera peut-être bientôt le cas pour l’ensemble des Français car le gouvernement relance le débat ce lundi 30 janvier.
Industriels de l'agroalimentaire, de l'embouteillage, supermarchés, associations d'élus, de consommateurs et ONG, quelque 70 parties prenantes sont conviées par la secrétaire d'État à l'Écologie, Bérangère Couillard, qui compte prendre sa décision en juin.
Les objectifs européens de taux de collecte des bouteilles plastique sont de 77% en 2025 et 90% en 2029. Or, les performances de la France plafonnent en dessous de 60% car les emballages plastique ne sont pas suffisamment bien collectés, voire pas triés du tout dans la plupart des poubelles de rue ou sur les lieux de travail.
Au gouvernement, on admet que l'imposition d'une consigne sur les bouteilles plastique, une disposition retirée in extremis lors du vote de la loi Agec sous la pression des collectivités, aurait eu pour effet de diminuer les flux de plastique dans les bacs jaunes des déchets ménagers triés pour le recyclage, et de réduire les revenus des centres de tri pilotés par les communes. Négocié entre 600 et 700 euros la tonne, le plastique PET à recycler est en effet devenu une manne pour eux.
Autant d’avantages que d’inconvénients
La consigne a des avantages. Dans les pays où elle existe, comme en Allemagne, elle augmente significativement le taux de recyclage des plastiques, font valoir les professionnels. Elle intéresse aussi les distributeurs car les automates attirent certains clients qui avaient déserté les supermarchés depuis la période Covid-19, note un observateur.
A contrario, "la consigne monétarise un geste de tri, qui risque de se dévaluer complètement", critique Nicolas Garnier de l'association Amorce, qui regroupe les collectivités organisatrices de la collecte et du tri des déchets. "Elle risque de réduire la mobilisation des Français pour trier leurs déchets chez eux". La consigne aboutit aussi à un surcoût alimentaire pour les imprévoyants qui oublieraient de rapporter leurs bouteilles vides, puisque ceux-là ne récupèreront pas la "caution" versée pour l'achat de leur bouteille.
(avec AFP)