Bretagne : un appel de la Soka pour trouver du travail à 30 Ukrainiennes
Publié : 28 mars 2022 à 12h02 par Marie Piriou
Dans les Côtes d’Armor, une vingtaine de familles ukrainiennes sont arrivées il y a trois semaines. Il s’agit des proches des salariés de la Soka, une entreprise qui possède un site en Ukraine. Cette dernière lance d’ailleurs un appel aux entreprises pour employer les Ukrainiennes.
Séverine Dudot est la directrice générale de la Soka.
Crédit : DR
En Ukraine, plus d’un mois après le début de l’invasion russe, les combats se poursuivent et les habitants continuent de fuir le pays. Dans les Côtes-d’Armor, une entreprise a fait rapatrier les femmes et enfants de ses salariés ukrainiens il y a près de trois semaines. Il s’agit de la Soka, la Société kaolinière armoricaine basée à Quessoy et qui possède une usine en Ukraine. La Soka a donc tenu à assurer la sécurité des familles de ses salariés en leur proposant notamment un toit. Désormais, la Soka lance un appel aux entreprises dans les secteurs de Saint-Brieuc et Lamballe car la trentaine de femmes ukrainiennes présentes sur place veulent travailler. Entretien avec Séverine Dudot, directrice générale de la Soka.
La Soka a donc mis à l’abri 20 familles ukrainiennes et lance aujourd’hui un appel aux employeurs. Qui sont ces familles, comment sont-elles arrivées en France ?
Ce sont des familles de la ville dans laquelle nous avons une usine et une carrière de kaolin, ainsi qu’une deuxième qui se trouve dans le Sud-Ouest de l’Ukraine. Ce sont les familles de nos salariés. Nous avons organisé trois cars qui ont passé la frontière à deux jours d’intervalle. Après avoir déposé quelques personnes en Pologne, en Allemagne et à Paris, ces familles sont arrivées en Bretagne.
Dans quel état d’esprit étaient ces femmes et ces enfants en arrivant dans le département ?
Evidemment, dans une grande douleur d’avoir tout laissé. Un soulagement aussi de voir qu’elles étaient entourées et de trouver un accueil excellent de la part des communes de Quessoy, Pommerit, Plérin et Ploufragan. On a pu régulariser très rapidement leurs documents de séjour, et puis, mettre les enfants à l’école, ce qui était un prérequis pour démarrer une démarche d’employabilité. Les primaires sont scolarisés, les lycéens et collégiens sont en cours de scolarisation. Leurs mères sont maintenant prêtes à démarrer un emploi.
Quel est leur quotidien aujourd’hui depuis leur arrivée en Bretagne ?
Ces familles sont logées dans des maisons d’urgence que les communes ont mis à disposition grâce à des bénévoles, parce que ce sont des maisons qui n’étaient pas habitées, qui ont été rénovées très rapidement pour permettre leur accueil. Elles sont aidées via les collectes que nous avons pu faire au niveau vestimentaire et alimentaire, ainsi que par les services associatifs. C’est un quotidien où elles prennent leurs marques pour l’instant mais elles souhaitent un retour à l’emploi de manière à ne pas rester à rien faire.
Une collecte vestimentaire avait été lancée.
Crédit : DR
Vous lancez donc un appel aux employeurs de la région. Quelles en sont les raisons ?
L’objet de cet appel, c’est de proposer à ces femmes un emploi. Il y a, bien sûr, la barrière de la langue. Certaines parlent Anglais mais d’autres ne parlent qu’Ukrainien. Donc on recherche des métiers dans des secteurs en tension, comme dans l’agriculture, l’agroalimentaire, l’hôtellerie-restauration, également dans les maisons de retraite, des postes en cuisine, sur l’assistance aux personnes âgées, du conditionnement aussi, sur des tâches avec de la répétabilité... Un emploi qui leur permettra d’avoir un salaire puisque l’aide qu’elles vont recevoir est quand même très faible. Il est nécessaire pour elles de travailler pour subvenir à leurs besoins. Et aussi moralement, je pense que c’est un point très important, qu’elles soulèvent également.
Quels sont les premiers retours à ce jour ?
On a beaucoup de retours. On a Manpower qui s’est mis à disposition pour préparer les dossiers, on a des retours de Marie Morin, de la Cooperl, de l’UMIH, du MEDEF qui a relayé des offres très concrètes. Des essais vont être engagés très rapidement pour concrétiser des contrats. On avance très bien. On va aussi faire des visites d’entreprises avec une visualisation des postes qui sont proposés, finaliser les dossiers d’embauche et leur permettre, ainsi, de démarrer un emploi.
Ces femmes sont-elles prêtes à travailler dès demain si besoin ?
Oui et on est sur un bassin d’emploi en tension avec des possibilités d’embauches, donc, je pense que ce projet-là est intéressant pour elles, comme pour les entreprises du bassin. Elles ont un réel besoin d’autonomie. Certaines ont le permis de conduire, on est en train de chercher des véhicules, de manière à leur permettre de se rendre au travail. Elles ont réellement envie aussi de contribuer et de remercier la société française qui les accueillent.
Ces femmes et ces enfants ont-ils des nouvelles de leurs proches restés en Ukraine ?
Ils ont des nouvelles très régulièrement. On a doté les maisons de box internet, de manière à ce qu’elles puissent avoir du wifi et communiquer. Donc ils sont en contact avec leurs familles. Avec évidemment toute l’inquiétude que l’on peut imaginer, que nous avons nous-même lorsqu’on regarde les informations sur cette guerre qui touche aussi bien les civiles que les militaires.
Quelles sont les dernières nouvelles de vos salariés restés en Ukraine ?
On est dans une zone qui, pour l’instant, n’est pas trop touchée. Certains de nos salariés sont engagés et d’autres sont dans la sécurité civile pour assurer la sécurité de certaines zones ou de certaines villes. Nous avons, bien sûr, des nouvelles régulièrement. Notre usine est, pour le moment, gardée et préservée. Nous espérons pouvoir redémarrer une activité rapidement, dès lors que des voies logistiques pourront être trouvées pour acheminer les produits.
Comment faire pour vous aider pour les employeurs intéressés ?
La marche à suivre est très simple, on récolte les offres par téléphone au : 02 96 42 30 11, ou par mail à : sdudot@soka-kaolin.com. Il suffit de transmettre des offres appropriées, et ensuite, on organise une rencontre, tout simplement.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac