Bretagne : une religieuse réclame 870 000 euros après avoir été renvoyée de l’Église

5 octobre 2023 à 10h26 par Marie Piriou

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Une affaire peu commune hier au tribunal de Lorient. Une ancienne religieuse de 57 ans de Pontcallec, à Berné (56), réclame 870 000 euros après avoir été renvoyée de l’Église.

Sœur Marie Ferréol vivait depuis 34 ans au sein de la communauté de Pontcallec.

Crédit : Photo d'illustration | Envato

L'audience devant la première chambre civile du tribunal judiciaire de Lorient mercredi n'a pas permis à une religieuse renvoyée selon elle "sans motif" de sa communauté catholique bretonne d'en savoir plus sur les raisons de son éviction.


Mère Marie Ferréol, née Sabine Baudin de la Valette, 57 ans, a été renvoyée en novembre 2020 de la communauté traditionaliste des Dominicaines du Saint-Esprit, dont la maison-mère est située à Pontcalec, près de Vannes (Morbihan), après une visite du cardinal canadien Marc Ouellet dans cette communauté.


La religieuse, désormais sans ressources, réclame réparation des préjudices matériel et moral qu'elle estime avoir subis, avant et après son éviction.


 


"Des dérives et faits graves"


Assigné au côté de l'association des Dominicaines du Saint-Esprit et des "visiteurs" (enquêteurs, dans le vocable du Vatican), le cardinal Marc Ouellet n'était pas à l'audience, ni représenté. Il est le signataire du décret de renvoi définitif de la religieuse du 22 avril 2021.


"Entrée en 1987 dans sa communauté, ma cliente (y) a vécu sans histoire pendant plus de vingt ans", a fait valoir son avocate, Me Adeline Le Gouvello. Les choses se seraient envenimées à partir de 2011, quand la religieuse a dénoncé "des dérives et faits graves", a indiqué l'avocate. "Après cette alerte, la vie de ma cliente a été très difficile", a plaidé Me Adeline Le Gouvello.


 


Accusation d'agression sexuelle


La présidente de la première chambre civile, Armelle Picard, s'est étonnée de ne pas pouvoir avoir accès au dossier d'accusation du Vatican. Me Bertrand Ollivier, avocat des deux "visiteurs apostoliques" venus enquêter dans la communauté, a répliqué qu'"il n'y a pas droit d'accès au dossier en matière canonique".


La "manipulation des personnes, les propos destructeurs et critiques, les atteintes récurrentes à la vérité, l'esprit de querelle, les critiques systématiques", sans plus d'explication, sont les seuls griefs prononcés à l'audience.


Le jugement a été mis en délibéré au 29 novembre.


Le cardinal Marc Ouellet, qui était préfet du Dicastère pour les évêques au Vatican à l'époque des faits, a démissionné de cette haute fonction en janvier, officiellement "en raison de la limite d'âge". Il a été accusé d'agression sexuelle au Québec.


(avec AFP)