Don de 2,68 millions d'euros à ses salariés : "Il y a énormément de dirigeants comme moi", selon le patron vendéen

Publié : 3 mars 2022 à 12h00 par Denis Le Bars

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Après la vente de son entreprise, Jean-Yves Glumineau a décidé de partager près de 2,7 millions d'euros avec ses salariés. Entretien avec le patron dont l'initiative a beaucoup fait parler.

Crédit : Capture écran | YouTube | France 3 Pays de la Loire | Noémie Maro Saferisse et Antoine Ropert | DR

En décembre dernier, Jean-Yves Glumineau annonce à ses 150 collaborateurs la vente de l'entreprise qu'il dirige depuis près de 18 ans, à Treize-Septiers, en Vendée. Une annonce qui s'est accompagnée du versement d'une prime exceptionnelle de 2,68 millions d'euros, partagée entre tous les salariés. 


Une initiative qui a fait couler beaucoup d'encre au cours des dernières semaines, et saluée par de nombreux anonymes sur les réseaux sociaux. Entretien avec ce patron "comme les autres".


 


Avez-vous une idée du nombre de médias qui ont parlé de vous ces dernières semaines ?


Aucune idée ! Il y a eu un feu d’artifice médiatique qui n’a pas été voulu à la base, puisque c’est un de mes collaborateurs qui a appelé les médias nationaux pour leur dire ce qui se passait chez TIV.


C’était une interpellation pour moi de communiquer ou pas sur ce sujet. Et, comme vous l’avez entendu, l’idée c’est de faire avancer la loi sur ce type de don pour réduire les charges qui nous sont imposées : 40% de charges patronales et 20% de charges salariales. Ça pique un peu ! Pour faire avancer les choses, je pense qu’il fallait, à la fois, faire ce type de don qui m’animait depuis longtemps, et en même temps, avoir un écho médiatique pour pouvoir porter un projet de loi et sensibiliser nos sénateurs et députés pour avancer sur ce sujet.


 


L'emballement médiatique vous a-t-il surpris ou pas du tout ?


C’est une grande surprise ! Parce qu’on ne s’imagine pas que la communication peut aller aussi vite et qu’elle puisse s’étendre aussi loin. J’ai des amis des quatre coins de la France qui m’ont appelé, même des gens de Martinique qui ont vu les reportages. J’étais estomaqué et très surpris de la propagation rapide de ce message.


 


Sur les réseaux sociaux, il y a eu des commentaires de toutes sortes ou vraiment que du positif ?


Je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Mes enfants suivent ça de très près, bien évidemment. Il y a tellement de messages et je n’ai pas encore pris le temps de regarder tous les détails, mais effectivement, c’est une onde de choc positive et il est vrai qu'on manque d’informations positives dans les médias en ce moment. Donc, ça fait chaud au cœur et ça plaisir de l’entendre.


 


Cette fameuse règle sur les dons, concrètement, un chef d’entreprise part à la retraite et puis il y a une certaine somme d’argent qu’il décide de léguer à son personnel. Quelle est la fiscalité aujourd’hui ? Qu’est qu’il faudrait faire ?


Aujourd’hui, on n’a pas d’autre moyen que de verser cette somme aux salariéssur leurs salaires. Dès lors, le tout est soumis aux charges patronales et aux charges sociales. Donc là, on n’évite rien. Mon souhait, c’est que la fiscalité soit moins confiscatoire. Mon rêve, ce serait du un pour un.


Pendant des années, tous les résultats de nos actions étaient reversés à 100% aux bénéficiaires des dons qu’on pouvait réaliser. Pourquoi pas avoir cette utopie ? Maintenant, on sait que la fiscalité en France est pesante, à bien des niveaux. C’est une question de discussions et de négociations pour faire avancer ce projet.


 


Un mot sur l’image que vous véhiculez. On a l’image de certains patrons "voyous" qui partent avec la caisse, et puis vous, vous partagez. Quel est votre point de vue ?


Je pense qu’on ne parle pas suffisamment du monde de l’entreprise de façon positive. Il y a énormément de dirigeants, comme moi, qui sont proches de leurs équipes, proches de leurs salariés, qui ont monté un système de co-collaborations qui permet d’avoir des beaux projets et des belles réalisations.


Je pense qu’il y a de nombreux cas comme moi, et malheureusement, on n’en parle pas souvent.


 


(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)