Enfants ukrainiens accueillis à Brest : "Le but, c’est déjà de dormir, sans les bruits de guerre"

4 août 2023 à 12h09 par Marie Piriou

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A Brest, 22 jeunes Ukrainiens sont arrivés mardi dernier pour passer dix jours de vacances, loin des combats et de la guerre.

Des activités nautiques sont au programme des jeunes Ukrainiens.

Crédit : Image d'illustration | Alouette DR

La ville de Brest accueille depuis le 1er août 22 jeunes Ukrainiens, âgés de six à douze ans, pour dix jours de vacances. L’objectif est de leur offrir quelques jours de répit avec une priorité : dormir. Un besoin qu’ils ne peuvent plus satisfaire depuis plusieurs années dans leur pays. Entretien avec Emilie Kuchel, adjointe au maire de Brest et présidente du Réseau Français des Villes Educatrices.


 


Pourquoi avoir choisi d’accueillir ces enfants ukrainiens à Brest cet été ?


En tant que présidente du Réseau Français des Villes Educatrices (RFVE), on a fait la rencontre de l’ONG Europe Prykhystok et du maire de la ville de Pervomaïsk en Ukraine. Quand ils nous ont présentés ce projet par rapport aux droits de l’enfant, avec l’objectif de pouvoir sortir les enfants, qu’ils aient le droit de jouer, d’apprendre et de se reposer, il m’a paru essentiel, par rapport à notre projet brestois "Grandir à Brest" de pouvoir accueillir ces enfants dans Brest. Et leur permettre de souffler, de rire à nouveau et de jouer.


 


Quel est le but de cette démarche, concrètement ?


Le but du jeu, pour eux, c’est de dormir, déjà. De ne plus avoir des bruits de guerre, des bruits d’alarmes. C’était la première demande des mères, qu’ils puissent redormir, reprendre un peu de force, de santé et de moral. La deuxième chose, c’était de pouvoir rejouer pour rêver de nouveau et revenir avec la force. Parce que ce sont des enfants épuisés qui ne rigolent plus depuis longtemps. Le maire qui a témoigné disait que les enfants qui ont déjà vécu cette expérience sont revenus avec des souvenirs. C’est assez joli et ça leur donne de la force là-bas.


 


D’où viennent ces 22 enfants et quel est leur quotidien en Ukraine ?


Ils viennent tous de la ville de Pervomaïsk en Ukraine. Ce sont des enfants qui, aujourd’hui, ont leur père, leur frère ou des membres de leur famille au front ou qui sont décédés. Donc ce sont bien des enfants qui sont victimes de guerre et dont les familles, qui ont été rencontrées par visioconférence, ont vraiment le besoin de les revoir sourire. Cela amène de la force dans la ville, d’après le maire, et cela permet à ces enfants de tenir, puisque depuis trois ans, la situation est assez compliquée.


 


Quel est leur programme durant ces dix jours ?


Ils vont visiter Brest. Le musée national de la Marine, Océanopolis. La plupart n’ont jamais vu la mer. Donc ils vont aller se balader en bateau, faire du nautisme, des activités aussi un peu sportives pour qu’ils puissent vraiment s’amuser. Ils vont aussi rencontrer des enfants français, ceux qui fréquentent le centre de loisirs municipal de Kerichen à Brest. Mardi prochain ils participeront à une olympiade pour enfants, ce seront un peu les Jeux Olympiques avant l’heure.


 


Pensez-vous déjà renouveler cette démarche ultérieurement ?


Si tout se passe bien, effectivement, le but c’est de la renouveler mais aussi d’en parler aux autres collectivités. Parce que plus il y aura de collectivités françaises, voire européennes, dans cet engagement, plus on pourra faire partir les enfants d’Ukraine dans d’autres villes. A Brest, on aimerait faire revenir des enfants ukrainiens pour le temps scolaire, en école transplantée, pour permettre à ces enfants de retourner à l’école. Il est essentiel qu’ils puissent réapprendre, en dehors de Zoom et de ce genre d’exercices que nous avons vécu quelques mois. Eux, ça fait trois ans.


 


Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac