Incidents au stade de France : réunion de crise au ministère des Sports

Publié : 30 mai 2022 à 9h09 par Arnaud Laurenti

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Après le chaos de samedi lors de la finale de la Ligue des Champions, le préfet de police de Paris a saisi la justice pour "fraude massive aux faux billets".

Crédit : Capture écran | Twitter | FanDesSeahawks | DR

Après le chaos de samedi puis la controverse dimanche, les premières explications : le ministère des Sports réunit lundi à 11h00 les organisateurs de la finale de Ligue des champions, la police et les autorités locales pour "tirer les leçons" d'un fiasco qui survient à un an de la Coupe du monde 2023 de rugby et à deux ans des JO-2024 de Paris.


Au surlendemain des scènes chaotiques autour du Stade de France, de bousculades, de tentatives d'intrusion d'individus sans billet ou encore des supporter sous le choc d'une intervention des forces de l'ordre ou victimes de vols, la nouvelle ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, doit gérer sa première crise.


"Avec le ministre de l'Intérieur, nous déplorons les incidents qui ont émaillé la soirée de la Ligue des champions samedi soir au Stade de France et regrettons que certains supporters munis de billets n'aient pu assister au match", a-t-elle expliqué dans un communiqué publié dimanche.


Aux côtés de la ministre des Sports, seront présents les organisateurs de la finale - remportée par le Real Madrid (1-0) face à Liverpool -, l'UEFA et la Fédération française de football, ainsi que des représentants du Stade de France, de la Préfecture de police de Paris, de la Préfecture de Seine-Saint-Denis et de la mairie de Saint-Denis.


 


"Dysfonctionnements"


"La priorité est désormais de cerner très précisément les dysfonctionnements (...) afin d'en tirer toutes les leçons pour éviter que de tels incidents se reproduisent pour nos futurs grands événements sportifs internationaux", a insisté le ministère des Sports et des Jeux olympiques.


Même s'il n'y a pas eu de blessé grave, les questions ne manquent pas.


Comment la fête attendue du football européen a été gâchée et aurait pu virer au drame alors que près de 7 000 policiers, gendarmes et pompiers étaient mobilisés, sans compter les vigiles privés ? Pourquoi le système de pré-filtrage à 200 mètres du stade a été vite débordé face à l'afflux de supporters de Liverpool et a créé des goulets d'étranglement ? Comment des bandes de jeunes se sont retrouvés en position de s'introduire de force dans l'enceinte ?


Les questions viennent aussi d'Angleterre, où les supporters, de retour de Paris, le club de Liverpool, les autorités locales, comme la maire de la ville "dégoûtée par la gestion calamiteuse et le traitement brutal", et nationales, ne décolèrent pas.


 


Commission d'enquête parlementaire


Ce qui passe particulièrement mal - alors que la police de Liverpool, présente autour du Stade de France, a jugé que "l'immense majorité" des supporters anglais "se sont comportés d'une manière exemplaire" -, c'est la mise en cause dès samedi soir par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de "milliers de supporters britanniques sans billet ou avec des faux billets qui ont forcé les entrées".


Dans un rapport remis dimanche au ministre de l'Intérieur, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, estime le nombre de spectateurs qui se sont présentés "sans doute entre 30 000 et 40 000 personnes au-delà des 80 000 admissibles dans le stade".


Il a aussi décidé de saisir la justice pour une "fraude massive aux faux billets".


Quelle que soit l'issue de la réunion au ministère des Sports, le fiasco du Stade de France devrait avoir des suites.


Le sénateur LR Michel Savin, président du groupe d'études pratiques sportives et grands événements sportifs, a déjà annoncé qu'il allait demander l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire. "400 millions de téléspectateurs ont assisté à ce que je considère être une humiliation pour notre pays qui s'apprête à accueillir la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques et paralympiques", a-t-il regretté.


 


Des supporters "dans la nature"


La ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra, a estimé ce lundi sur RTL que Liverpool "avait laissé ses supporters dans la nature" à l'occasion de la finale de la Ligue des champions samedi et a par ailleurs jugé "regrettable" l'utilisation de gaz lacrymo face à des familles devant le Stade de France.


"Le fait que le club du Real ait à ce point encadré la venue de ses supporters à Paris (...) ce qui tranche radicalement avec ce qu'a fait le club de Liverpool qui a laissé ses supporters dans la nature, a crée une différence majeure", a estimé la nouvelle ministre deux jours après le fiasco de la finale.


Interrogée sur le nombre de spectateurs anglais sans billets, elle a cité le chiffre de "30 à 40.000 personnes de faux billets et de sans billets". Interrogée précisément sur la proportion de faux billets, elle a dit: "on va regarder tout ca". "Il faut qu'on regarde d'où viennent ces faux billets", a-t-elle ajouté.


Elle a confirmé que Liverpool avait demandé à l'UEFA, qui a accepté, de ne pas recourir à l'application mobile mais à avoir des billets papiers, "un circuit de billets papiers qui a crée des débordements".


Elle a jugé "que la dimension la plus regrettable de ce qui s'est passé" était que des gaz lacrymo aient été utilisés face à des familles et des enfants venus assister à la finale.


 


(avec AFP)