L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès en bande dessinée

Plus de douze ans après, l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès continue de susciter de la curiosité.

Nombreux sont les ouvrages, téléfilms et documentaires sur le sujet. Dernier exemple en date : "La Traque", une bande dessinée imaginée par Olivier Petit et qui sort ce mercredi 15 novembre. Nous avons interviewé celui qui est l’éditeur et le scénariste de cette BD.

Pourquoi avoir voulu faire une bande dessinée sur l’affaire Dupont de Ligonnès ?

Parce-que l’affaire Dupont de Ligonnès, c’est une affaire rocambolesque. C’est un scénario que Stephen King n’aurait même pas osé aborder, tellement il est plein de rebondissements, plein de choses très étonnantes depuis son enfance jusqu’à sa disparition. Cette histoire est jalonnée de trucs incroyables.

En plus, je me suis installé à Nantes il y a 5 ans en tant qu’éditeur et j’ai vu que cette histoire était imprégnée par tous les gens que je rencontrais. Les jeunes comme les anciens me parlaient de cette affaire comme quelque chose qui les avait énormément marqués. Je me suis dit : "Je suis sur les lieux, je peux rencontrer les journalistes, je peux rencontrer tous les gens qui ont, plus ou moins, accès à cette affaire, dans le cadre de la légalité bien sûr, et en faire quelque chose". C’est parti de là, en fait.

On imagine qu’il y a eu un vrai travail de recherches, de documentation. Quelle a été votre méthode de travail ?

Oui, on a l’habitude de faire ce qu’on appelle des docus-BD, c’est-à-dire qu’on raconte une histoire en bande dessinée et on complète avec des documents qui permettent d’apporter un complément d’information à la bande dessinée, d’ouvrir aussi sur d’autres liens, vers d’autres bouquins, etc.

Donc je me suis adressé à une documentaliste qui s’appelle Valérie Morice et je l’ai chargée de me trouver l’ensemble des documentations qui avaient jalonné ces douze années de recherches. Sachant que l’idée du livre, c’est la traque de Dupont de Ligonnès et non pas l’histoire de la macabre découverte. C’est vraiment la traque. Depuis le jour où on a découvert les corps, que s’est-il passé pendant douze ans ? On a chapitré les grands moments de cette affaire sur douze ans et on est allé chercher la documentation, on en a fait une synthèse. Et de cette synthèse, on a écrit une histoire.

Vous êtes resté fidèle à la réalité ou il y a aussi une part de fiction ?

On est absolument fidèle à la réalité, dans les faits, bien sûr. Mais à partir du moment où on écrit le scénario d’une bande dessinée, comme on ferait pour un film, on est obligé d’inventer des dialogues, on n’a pas d’enregistrements, bien sûr. Donc on invente des dialogues qui permettent aux lecteurs d’être portés par l’histoire, d’avoir une personnalité pour les personnages de la bande dessinée et de tourner les pages comme si on lui racontait une excellente histoire. Mais, hormis les dialogues qui sont forcément inventés, tout ce qui est dit, tout ce qui est relaté, a été vérifié.

Il y a beaucoup de podcasts, d’enquêtes, ou encore de téléfilms qui reviennent sur cette affaire. La BD, c’est donc une autre façon de raconter ce genre d’histoire ?

Oui, c’est tout nouveau. On s’adresse à un public qui a un petit peu survolé cette histoire, qui n’est pas forcément un public de grands lecteurs, qui n’a pas forcément lu les deux numéros extraordinaires de Society, qui n’a pas forcément lu les quatre ou cinq bouquins, de très bonnes factures, qui sont sortis sur l’affaire. On a un public qui s’intéresse à cette affaire et qui, par la bande dessinée, se laisse porter parce que c’est beaucoup plus ludique, du fait que l’on voit des images, qu’il y a une mise en scène, etc. Tout est fait pour que le lecteur tourne les pages et aille jusqu’au bout en se disant : "Mais c’est quand même une histoire de dingue !".

"La Traque", aux éditions Petit à Petit, est disponible dans toutes les librairies de France, de Suisse et de Belgique.