Le groupe Castel Viandes jugé pour tromperie à Nantes
Publié : 5 mai 2022 à 5h48 par Arnaud Laurenti
L'entreprise et trois de ses dirigeants sont accusés d'avoir volontairement vendu de la viande avariée entre 2010 et 2013.
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La société Castel Viandes et trois de ses dirigeants, soupçonnés d'avoir délibérément vendu de la viande avariée entre 2010 et 2013, doivent comparaitre ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nantes pour tromperie.
Une information judiciaire avait été ouverte en 2013 à la suite d'accusations portées par un ex-salarié licencié cinq ans plus tôt.
Une "remballe" contestée
Ancien responsable qualité de Castel Viandes, Pierre Hinard affirmait notamment que l'abattoir recyclait des viandes issues d'invendus de supermarchés, pratique illégale appelée "remballe" dans le métier.
Le groupe basé à Châteaubriant, en Loire-Atlantique, son PDG, Joseph Viol, ainsi que deux cadres, Michelle Perron et Denis Leclerc, sont poursuivis pour "tromperie sur la qualité d'une marchandise", "mise sur le marché de produits d'origine animale préjudiciables à la santé" et "entrave" à des contrôles sanitaires.
L'avocat de Castel Viandes et de son PDG, Me Benoît Chabert, "conteste l'ensemble des préventions" et plaidera la relaxe.
"M. Hinard a été licencié en 2008. S'il avait vraiment su que des consommateurs étaient en danger, pourquoi aurait-il attendu autant de temps pour parler, au risque de laisser des gens tomber malade ? Il utilise l'intérêt général pour défendre un intérêt personnel", a affirmé Me Chabert à l'AFP.
Le conseil de Denis Leclerc, Me Louis-Georges Barret, dénonce quant à lui les "affabulations" d'un "individu qui s'est dit lanceur d'alerte mais voulait simplement se venger de son licenciement".
Grande distribution et restauration
À l'époque, la société fournissait notamment la grande distribution (Auchan, Système U), les traiteurs industriels (Lustucru, William Saurin) et la restauration rapide (Flunch, McDonald's).
Les sociétés McKey, fournisseur de McDonald's en steaks hachés, et Flunch, qui avaient suspendu leur approvisionnement, se sont portées parties civiles au procès.
Me Alexis Macchetto, conseil de l'UFC Que Choisir, également partie civile, pointe de son côté la "désinvolture" du groupe "vis-à-vis des questions sanitaires à l'époque des faits" et se dit "choqué" par la "diversité des pratiques de contournement".
Les accusations de Pierre Hinard avaient conduit la Direction générale de l'alimentation (DGAL) à procéder à six mois de "contrôles renforcés" entre mars et septembre 2013. L'agrément sanitaire de Castel Viandes n'avait pas été levé.
(avec AFP)