Le Secours populaire redoute la période estivale : "on est très inquiets" !

11 juin 2023 à 15h37 par Morgan Juvin

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Le secrétaire général de la fédération départementale de Maine-et-Loire affiche son inquiétude concernant la période estivale. Le nombre de bénéficiaires augmente, mais celui des bénévoles reste stable.

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Crédit : Capture d'écran | YouTube @secourspopulaire

C’est chaque été une période difficile pour les associations.


Comment accueillir ceux qui sont dans le besoin, quand beaucoup de bénévoles sont en vacances ou profitent de l’été pour se retirer de leur association ?


La situation est difficile et le Maine-et-Loire ne fait pas exception. Il manque entre 20 et 30 bénévoles pour assurer le bon fonctionnement des permanences cet été.


Entretien avec Ludovic Cadeau.


 


Depuis 2021, comment avez-vous vu la situation évoluer ? Parce qu’on parle, aujourd’hui, de potentiellement fermer des permanences.


Quand je suis arrivé au poste de secrétaire général, on était encore dans la crise Covid, donc c’était compliqué. Mais à la fin de l’année 2021, la crise Covid s’estompait petit à petit, on annonçait partout une reprise économique. Des gens qui venaient pour être aidés au Secours populaire commençaient à retrouver du travail et on sentait qu’on allait reprendre un rythme à peu près normal. Et puis, malheureusement, les évènements internationaux ont fait qu’on a replongé très vite dans l’urgence. Puisque, dès mars 2022, on a vu à nouveau des gens revenir. Parce qu’avec la flambée des prix des produits alimentaires et des prix de l’énergie, très rapidement, les gens se sont retrouvés à nouveau dans une grande difficulté. Ce qui fait que, contrairement à ce qu’on croyait, on est reparti au front, nous aussi, et la situation est parfois, oui, un peu difficile.


 


Est-ce que vous avez des chiffres concernant le nombre actuel de bénéficiaires ?


Je n’ai pas encore de chiffres précis mais on peut dire qu’on a une moyenne entre 10 et 20% d’augmentation depuis le début de l’année 2023. Cette augmentation s’articule surtout autour de l’aide alimentaire.


 


Et à l’inverse, vous avez une baisse du nombre de bénévoles ?


Non, pas spécialement, sauf cet été. C’est pour ça qu’on fait cet appel à bénévoles parce que, comme tous les étés, on a des bénévoles qui partent ou qui gardent leurs petits-enfants. Et on sait qu’on est dans une période un peu tendue en nombre de bénévoles. Cette année, on voit bien qu’il y a toujours autant de monde et que ça continue d’augmenter actuellement. Et malheureusement, on n’a pas suffisamment de bénévoles.


 


Avez-vous en tête un nombre de bénévoles manquants ?


Je pense qu’avec 20 ou 30 bénévoles supplémentaires pour passer ce cap difficile de l’été, on s’en sort. Parce qu’autrement, on n’aura pas d’autre choix, sans doute, de réduire un peu la voilure. C’est-à-dire de fermer à certains moments des permanences pour répartir les bénévoles sur d’autres permanences. Avec 20 ou 30 bénévoles en plus, on s’en sort.


 


Est-ce que la nouvelle génération est informée sur tout ça ? Et si oui, comment faire pour l’attirer ?


On est souvent invités dans les lycées ou dans les écoles post-bac pour présenter le Secours populaire, pour faire une petite intervention. On est toujours très bien accueilli de la part des jeunes et, très franchement, l’exemple type c’est le Covid. On a fait un appel à bénévoles courant mars 2020 en disant qu’on avait besoin de bénévoles parce qu’on était en très grande difficulté. Et les étudiants et les jeunes se sont vraiment précipités. On a été très surpris du fait que les jeunes étaient très sensibles à ce phénomène et qu’ils ont répondu favorablement. On a même des jeunes de la période Covid qui sont toujours bénévoles avec nous.


 


Concernant la situation actuelle, on parle de fermetures de permanences. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?


On sera peut-être amené, dans les mois qui viennent, non pas à forcément fermer des permanences mais à arrêter les nouvelles inscriptions de personnes. On va faire le maximum pour continuer à aider les personnes qui sont actuellement inscrites. En revanche, il est très envisageable qu’on ne puisse plus accueillir de nouvelles personnes. Parce qu’il nous faut des conditions d’accueil correctes et il nous faut suffisamment de nourriture pour aider tout le monde. Ce n’est pas la peine qu’on inscrive des gens si on n’a rien à leur donner, ce qui risque d’arriver. Donc, on n’inscrira plus de nouvelles personnes si on n’y est contraints. Et si vraiment la situation devient encore plus difficile, on étudiera d’autres possibilités. Mais je ne le souhaite pas.


 


L’impact d’une fermeture de permanence pour un bénéficiaire peut être vraiment dramatique ?


Oui, tout à fait. D’ailleurs, on a déjà averti les gens qu’on avait des grosses difficultés, en particulier dans les zones rurales, c’est compliqué. La première réflexion des gens c’est : "comment allons-nous faire ?". Donc on les rassure en leur disant qu’on va faire le maximum, qu’on fera comme d’habitude et qu’on fera le maximum pour répondre à leurs difficultés. Mais on ne peut pas non plus faire l’impossible.


 


Que diriez-vous, pour conclure, à quelqu’un qui hésiterait à devenir bénévole au Secours populaire français ?


Je lui dirais qu’il va se rendre vraiment très utile, qu’il va faire œuvre de solidarité envers la population en difficulté. Et qu’en plus, normalement, si tout se passe bien, il y trouvera du plaisir.


 


(entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)