Les intoxications aux champignons sont en hausse

20 octobre 2022 à 15h20 par Maëva Bossard

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Depuis le début de la saison automnale, les centres anti-poison accueillent de plus en plus de patients intoxiqués par des champignons.

Crédit : Alouette | DLB

Les cas d’intoxication aux champignons affluent dans les hôpitaux, notamment au CHU d’Angers. Le docteur Chloé Bruneau, spécialiste des champignons, donne des recommandations pour éviter de se faire empoisonner.


La météo de ce début d’automne se prête parfaitement à l’activité phare de la saison : la cueillette de champignons. Mais cette période est aussi synonyme d’affluence pour le Centre anti-poison (CAP) du CHU d’Angers, qui accueille de plus en plus de patients victimes d’intoxications dues à une consommation de champignons.


L’affluence a commencé à la mi-septembre, avec un peu moins d’une centaine de cas. Cependant, le nombre d’hospitalisations a augmenté à partir de début octobre : de 150, le CHU est passé à 300 cas. Et les choses ne s’améliorent pas, puisque le CAP explique être passé d’une trentaine d’admissions par semaine au début du mois, à 70 la semaine dernière.


Quels sont les cas les plus fréquents ?


Selon le docteur Chloé Bruneau, les types d’intoxications sont plutôt variables. Les patients admis au centre anti-poison peuvent n’y rester qu’une nuit comme ils peuvent aussi y rester plus longtemps.


"Il y a différents syndromes, différentes toxicités en fonction des champignons. Les champignons qu’on a majoritairement, surtout en ce moment, ce sont des hospitalisations courtes, et qui vont généralement être la nuit, voire la journée. Pour les sujets les plus fragiles, qui ont été très déshydratés, ça peut être jusqu’à deux trois-jours", nous explique-t-elle.


Mais les choses peuvent se compliquer selon le type de champignon consommé.


"On a les syndromes résinoïdiens et sudoriens, qu’on a le plus fréquemment et qui donnent essentiellement des troubles digestifs. On a aussi les syndromes phalloïdiens, qui eux sont généralement les plus graves et qui peuvent nécessiter plusieurs jours d’hospitalisation, voire, pour certains patients, une semaine ou plus parce qu’il y a des atteintes hépatiques très graves"


Comment éviter l’intoxication ?


Pour se préserver de toute complication, Dr Bruneau donne des recommandations à appliquer dès la cueillette. La première : ne se fier qu’à ce qu’on "connaît parfaitement" et ne pas se risquer à l’inconnu. L’écart entre le comestible et le toxique peut parfois être mince et difficile à déterminer. En cas de doute, il est préférable de se référer à un spécialiste.


"Au moindre doute, il faut faire identifier sa récolte par un pharmacien d’officine ou une association de mycologie. Il y en a dans tous les départements".


Notre spécialiste préconise également de se munir d’un grand récipient, si possible fragmenté en plusieurs parties pour "séparer les espèces".


"C’est pour qu’il n’y ait pas de champignons cassés toxiques qui tombent avec les comestibles", précise-t-elle.


Attention aussi au type de contenant.


"Il faut aussi éviter les sacs plastiques parce que les champignons poussent très vite. S’ils sont enfermés dans un sac plastique, ça accélère le pourrissement. On peut être malade en mangeant un champignon comestible, parce qu’il aura pourri dans le sac"


La vigilance ne s’arrête pas après la récolte. Au contraire, d’autres gestes sont à adopter pour éviter les mauvaises surprises. À commencer par prendre une photo de sa récolte. Cela peut servir aux professionnels de la santé en cas d’intoxication, afin d’identifier la cause de l’empoisonnement.


Dans un second temps, les préconisations concernent la consommation.


"Il ne faut pas les conserver trop longtemps, pas plus de deux jours dans le réfrigérateur. Et surtout, on les fait bien cuire. Il y a très peu d’espèces, au final, qui se consomment crues. Donc en principe on garde en tête qu’il faut faire cuire le champignon minimum 20 à 30 minutes dans une poêle, ou 15 minutes dans l’eau bouillante, en rejetant l’eau de cuisson. Il y a des champignons qui sont toxiques crus, mais qui sont comestibles cuits"


Quels champignons sont à éviter ?


Encore faut-il savoir quels champignons sont comestibles et quels champignons sont toxiques. Pour identifier les espèces les plus dangereuses, quelques éléments sont à vérifier lors de la cueillette.


"Les champignons qui donnent le plus d’intoxication et les plus graves, ce sont ceux qui appartiennent au genre des Amanites. On les reconnaît parce qu’ils ont les lames blanches, un anneau blanc, et une volve, un petit sac au pied. Après, il y aussi de tout petits champignons très toxiques qui peuvent se mélanger avec les mousserons, par exemple. Il faut bien regarder sous le chapeau que les lamelles ne soient pas blanches"