La Roche-sur-Yon : le Fuzz’Yon ne " voit pas le bout du tunnel "
3 octobre 2020 à 7h00 par Julia Maz-Loumides
Ce vendredi 25 septembre 2020, le premier concert au Fuzz’Yon depuis plus de six mois a accueilli une jauge réduite de spectateurs. Assis et masqués, comme le veulent les nouvelles règles sanitaires. Une situation difficile pour la salle emblématique de La Roche-sur-Yon.
Le Fuzz'Yon accueille de nouveaux concerts depuis septembre 2020.
Crédit : Capture d'écran | Facebook
Benoît Benazet, directeur de la salle de spectacle le Fuzz’Yon, retrace les derniers mois depuis le confinement avec un goût amère. Le 13 mars 2020, la France s’enferme. L’interdiction d’accueillir du public tombe et les salles de spectacles sont contraintes de fermer. " On a bien compris que la programmation sur avril, mai et juin serait impossible. On a tout reporté sur l’automne ", raconte le gérant.
Distanciation physique et morale
Le 27 août 2020, plus de trois mois après le déconfinement, le Fuzz’Yon reçoit enfin des informations sur les protocoles à suivre : les concerts en position debout sont interdits jusqu’au 31 décembre. " Ce jour-là, je me suis retrouvé avec 85% de ma programmation annulée. Les artistes anglais, belges, américains, ne pouvaient plus venir ", explique Benoît Benazet. Il a dû retravailler une programmation adaptée aux nouvelles contraintes sanitaires : bar fermé et jauge de spectateurs divisée par trois. Si la Vendée passe en zone rouge, le nombre sera divisé par cinq. Mais pour l’heure, la programmation repart, comme le raconte le directeur : " Tout le monde est dans cette dynamique. On adapte les spectacles pour qu’il y ait encore une activité, car tout le monde doit vivre, même les artistes. Ils sont ravis de retourner sur scène même s’ils ont toujours une petite appréhension car c’est souvent leur première fois dans cette configuration assise ".
Des arrangements qui déstabilisent aussi le public. Il ne peut se lever que pour se rendre aux sanitaires et est même privé de première partie. Son lien avec l’artiste n’est plus du tout le même. " C’est valable pour tous les types de spectacles, il n’y a plus aucune interaction, ajoute Benoît Benazet. Il faut garder tant que possible un lien avec le public. Les gens étaient ravis de revenir, de pouvoir écouter de la musique. On ne propose pas des artistes qui ne sont pas adaptés aux nouvelles dispositions ".
Mais pour le gérant, l’essentiel est de voir la salle travailler à nouveau. Car en dehors du public ou des artistes, le Fuzz’Yon regroupe aussi des techniciens ou encore des agents de sécurité. Derrière cette petite salle se cachent 150 salariés dont " ce n’est pas le boulot de travailler dans ces conditions mais la vie doit reprendre et on doit faire très attention aux règles sanitaires ", affirme l’intéressé.
Un futur incertain
" En 2020, si on continue sur ces bases-là, on va accueillir 80% d’artistes en moins et on aura des baisses de recettes de l’ordre de 60% ". L’état des lieux du directeur n’est pas joyeux. Sur l’année 2021, il n’a aucune visibilité. Si la Vendée passe en zone rouge, de nouvelles contraintes s’ajouteront, comme celles qui sont apparus dans de plus grandes villes, interdisant les rassemblements de plus de 30 personnes. Benoît Benazet se prépare à " un maintien de cette situation jusqu’au 31 mars, ainsi que des annulations régulières. C’est un travail délicat de caler des dates, les mettre en vente et peut-être annuler quinze jours après ".
Pour le Fuzz’Yon, si la situation perdure jusqu’à la rentrée 2021, les dégâts seront considérables. Ce serait " un raz-de-marée sociale dans le monde culturel, à tous les niveaux, déplore le directeur, des centaines de milliers d’emplois en péril ".