Quantité réduite mais prix plus élevé : un projet pour encadrer la "shrinkflation"

3 janvier 2024 à 8h38 par Joséphine Point

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Le gouvernement a soumis à Bruxelles un projet d'arrêté contraignant à horizon mars les supermarchés à expliciter davantage les cas de "shrinkflation" ou "réduflation", quand les quantités d'un produit sont réduites avec un prix inchangé voire plus élevé.

Crédit : illustration Envato - DR

Le ministère de l'Économie travaille à un projet d'arrêté à horizon mars "pour répondre à la demande des consommateurs d'être mieux informés en cas de 'shrinkflation' sur certains produits", indique le cabinet de la ministre déléguée notamment au Commerce, Olivia Grégoire. L'objectif est d'éviter quelques mauvaises surprises, à défaut de pouvoir faire baisser les prix.


Derrière l'anglicisme - du verbe anglais "shrink", rétrécir, et dont il existe un équivalent francophone, la réduflation -, il s'agit d'une pratique des fabricants de produits de grande consommation, agro-industriels ou distributeurs, consistant à réduire les quantités des produits vendus plutôt que d'augmenter - trop - significativement les prix.


Cette pratique, qui existe aussi dans la restauration (une entrecôte un peu plus légère, ou un peu moins de frites, pour le même prix), est légale à condition que la mention du poids de la denrée soit modifiée


Ce n'est pas forcément pour tromper le consommateur que les fabricants changent les quantités : cela peut être pour s'aligner sur la concurrence ou pour éviter de franchir un seuil de prix tel qu'il détournerait l'acheteur du produit. Le distributeur Carrefour avait par exemple réduit drastiquement les quantités de ses légumes "premiers prix" pour rester sous les 1 euro, rappelait en décembre le média 60 millions de consommateurs, évoquant le passage de trois à deux salades ou la réduction d'un tiers du filet de pommes de terre.


 


Une mention bientôt obligatoire ?


Le gouvernement prévoit d'imposer aux supermarchés de faire figurer, sur les références ayant fait l'objet d'une réduction des portions, la mention "pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au (préciser l'unité de mesure concernée) a augmenté de ...% ou ...EUR". Cette mention devra être placée "directement sur l'emballage ou sur une étiquette attachée ou placée à proximité de ce produit, de façon visible, lisible".


Le projet d'arrêté a été soumis pour avis à la Commission européenne, indique le cabinet d'Olivia Grégoire. "Si la Commission ne fait aucun commentaire sur le projet notifié, alors la publication au Journal officiel pourra avoir lieu à la fin du mois de mars 2024".


La mesure ne semble en tout cas pas de nature à faire baisser les prix en rayons. Les tarifs ont flambé de plus de 20% en moyenne dans l'alimentaire en deux ans.


 


(avec AFP)