Une Corrézienne condamnée pour avoir incité son ex-compagnon à se suicider
24 novembre 2022 à 10h33 par Thierry Matonnat
La Cour d’Appel de Limoges condamne une pharmacienne de 28 ans à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Elle a été jugée coupable d'avoir incité son ex-compagnon à se jeter d'un viaduc en 2019.
Cour d'Appel de Limoges
Crédit : Alouette | Thierry Matonnat
Cette ancienne pharmacienne d’Aubazine (Corrèze) âgée de 28 ans a été confondue par la découverte de près de 6 000 messages dans le téléphone retrouvé dans une main de la victime, préparateur en pharmacie de 44 ans.
"C'est horrible, on planifie ton suicide", avait notamment écrit l'ex-compagne dans un de ces SMS. "Je ne pensais pas te tuer mais parfois, c'est la seule solution", peut-on lire dans un autre.
"Plus que 12 heures et je serai libéré", avait écrit l'homme avant de sauter du viaduc de Naves en Corrèze. La jeune femme avait répondu : "C'est long quand même".
Ses avocats, maîtres Balthazar Lévy et Martin Reynaud, ont déploré "la qualification pénale retenue" contre leur cliente - la provocation au suicide - car ils estiment que la victime a "décidé seule, librement et en son âme et conscience, de mettre fin à ses jours".
En première instance, les magistrats avaient souligné la "démolition morale" subie par le quadragénaire à coups de messages destructeurs.
Un suicide programmé
Le 7 juin 2019, une semaine avant son suicide, la prévenue lui avait proposé de "se tuer ensemble" afin de sceller leur amour à jamais. Pour Me Aurélie Pinardon, avocate de la famille de la victime, cette phrase avait "forgé sa détermination et l'avait conduit au suicide".
Quelques jours plus tard, la jeune femme lui avait annoncé renoncer au suicide, notamment après avoir rencontré un autre compagnon. "C'est programmé car tu m'as donné l'envie en m'en parlant ce week-end. J'ai pensé que tu le ferais avec moi, on aurait été réunis pour l'éternité, donc j'ai mûri l'idée, je suis sûr de moi. Donc oui, j'aurai le courage de le faire", avait répondu la victime.
Devant le juge d'instruction, la prévenue avait reconnu lui avoir dit au téléphone "Vas-y, saute". Le père de deux enfants lui avait obéi et s'était alors jeté dans le vide.
À l'audience, la prévenue n'avait exprimé ni regrets, ni remords. Le frère de la victime s'est dit satisfait, mercredi, de la condamnation. "Mon frère était quelqu'un de carré, de stable, et sa vie a basculé quand il l'a rencontrée. Si nous avons amené cette histoire en justice, c'est aussi pour l'honneur de mon frère, de ses enfants", a-t-il expliqué à un correspondant de l'AFP.
(avec AFP)