Une entreprise bretonne invente la douche de plage écolo
9 octobre 2022 à 9h01 par Marie Piriou
L’entreprise finistérienne Marine Filter basée près de Fouesnant à Saint-Evarzec a mis au point une douche de plage écolo qui recycle l’eau.
La douche a permis 80% d’économies d’eau à l'école de voile des Glénan (29).
Crédit : DR
Marine Filter est une entreprise basée dans le Finistère, près de Fouesnant à Saint-Evarzec. A l’heure où chacun tente de faire des économies d’eau et d’énergie, elle a mis au point une douche de plage écologique, qui recycle l’eau. Nous avons échangé avec Yvon Turpaud, cogérant de l'entreprise Marine Filter.
Comment est née l'idée de cette douche de plage ?
Lors de vacances en Espagne. On voyait les douches de plage qui sont utilisées avec de l’eau potable, l’eau courante du réseau qui coule sur les plages. A l’époque, ma femme me disait : "Vous faites déjà des systèmes de recyclage pour toutes sortes de filtration industrielle, pourquoi vous ne feriez pas un système de recyclage pour les douches ?". Voilà, l’idée est venue comme ça.
Quel est le but de votre invention, concrètement ?
C’est d’économiser l’eau du réseau, l’eau potable. On sait, aujourd’hui, qu’il faut économiser l’eau. On n’a pas besoin d’eau potable pour se rincer après la baignade. Il suffit d’avoir de l’eau douce.
Pouvez-vous nous expliquer le principe et les caractéristiques de cette douche de plage ?
C’est tout simple : vous avez un module qui se présente avec une réserve d’eau, filtration et fonctionnement électrique. Il y a un panneau solaire qui va alimenter batterie et pompe. Et vous avez une partie extérieure avec un grand caillebotis sur lequel vous venez pour vous doucher, pour vous rincer. L’eau est récupérée dans le caillebotis, pompée à travers des filtres et ensuite, elle est stockée et traitée pour être réutilisée pour l’utilisateur suivant.
Une fois traitée, l’eau est vraiment réutilisable ?
Elle est entièrement réutilisable. On a une perte d’à peu près 20% d’eau. Donc c’est de l’eau qui va rester sur la personne, en général, dans les cheveux. Plus le vent qui va pousser de l’eau qui ne sera pas récupérée sur le caillebotis et un petit peu d’évaporation. Mais dans l’ensemble, on est quand même sur une économie de 80% d’eau.
Cette douche de plage a-t-elle déjà pu être testée ?
On l’a utilisée cet été avec l’école de voile des Glénan. Des stagiaires l’ont utilisée tout l’été. Donc elle a tourné pendant trois mois et les chiffres font état d’un peu plus de 80% d’économies d’eau.
Aujourd'hui, votre douche de plage n'attend plus que l'agrément du ministère de la Santé et de la Prévention pour pouvoir être commercialisée. Qu'est-ce qui coince ?
Je ne sais pas s’il y a quelque chose qui coince. C’est juste que ce type d’appareil n’existe pas et le recyclage de l’eau en France est autorisé mais pour certaines choses comme l’arrosage, le lavage pour des véhicules, etc. Là, on peut réutiliser de l’eau. Mais pour la réutilisation de l’eau sur les personnes, c’est un peu plus compliqué. Il faut une validation sanitaire là-dessus. C’est long parce que c’est quelque chose qui n’existe pas, ce n’est pas un produit référencé dans tout ce qui est légiféré en France, aujourd’hui. Donc c’est long par rapport à ça. On attend patiemment que ça arrive.
Craignez-vous d'être doublé par la concurrence ?
C’est peut-être déjà le cas. On a été copié dans le passé. Mais je ne sais pas si cette entreprise est encore en activité. Cela étant, on ne sait pas ce qui va se passer. Maintenant c’est vrai que ce serait dommage que quelqu’un vienne nous le vendre de l’étranger alors que l’idée vient de France, de Bretagne, du Finistère précisément.
Où votre douche de plage a-t-elle vocation à être installée ? Quels clients potentiels visez-vous ?
Les clients seraient plutôt des collectivités, des communes du littoral qui seraient intéressées pour avoir un équipement pour le confort des touristes sur les plages. L’intérêt de la douche, c’est qu’elle est mobile, c’est quelque chose que vous pouvez enlever l’hiver et vous n’avez pas de pollution visuelle sur les plages. De nombreuses communes sont déjà intéressées.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac