Vendée : Gautier fait renaître le bois brûlé des forêts incendiées cet été

29 novembre 2022 à 17h13 par Morgan Juvin

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Le fabricant vendéen de meubles Gautier s’est lancé le pari de redonner vie au bois des forêts landaises et charentaises, ravagées par les flammes cet été. Une initiative écologique plus qu’économique, pour que le bois renaisse de ses cendres. Entretien avec le directeur général du groupe Gautier, David Soulard.

David Soulard, directeur général de Gautier

Crédit : Alouette | M.J

Les canicules de l’été ne sont pas passées inaperçues, marquées par des incendies à répétions, notamment dans les Landes et en Charente. Si certaines forêts sont irrécupérables, d’autres le sont seulement en apparence, en surface.


Le vent a soufflé par endroits, et le feu n’a pas eu le temps d’atteindre le cœur de l’arbre. C’est là que le groupe vendéen Gautier est intervenu. Pour qu’une forêt renaisse, il faut d’abord abattre et évacuer les arbres morts.


Les forêts ont refroidi en septembre, avant que l’extraction ne commence en octobre. David Soulard, directeur général de Gautier, a été invité à venir sur place pour récupérer du bois encore en bon état. "C’est vrai que la partie de l’écorce était complètement carbonisée, en revanche, nous avons la chance chez Gautier d’avoir un extracteur qui permet d’enlever l’écorce, une écorceuse. C’est ce qui nous a permis d’avoir cette solution".


Le groupe vendéen s’est lancé dans l’aventure et reçoit désormais presque tous les jours un camion de bois brûlé (soit 15 à 20% du bois réceptionné dans les usines Gautier). Une solution pour utiliser du bois avant que la forêt ne dépérisse avec les conditions hivernales.


 


Ce type de bois : "une contrainte technique"


En acceptant de recevoir le bois brûlé des forêts landaises et charentaises, Gautier doit faire face à de nombreuses problématiques pour enlever l’écorce complètement carbonisée des arbres. "Techniquement, c’est beaucoup plus compliqué" affirme David Soulard.


Les bienfaits sont ailleurs. Le groupe vendéen dont le siège est au Boupère, a toujours accordé une importance capitale au bien-être de ses employés. Dans cette démarche, "ce qui nous permet de communiquer, c’est déjà la fierté de nos salariés. De se dire que ce qu’on a actuellement dans le processus, ça extrait une forêt".


En revanche, économiquement, l’initiative de récupérer du bois brûlé n’est pas intéressante pour eux. "Quand est arrivé le bois brûlé, ça n’a pas été, pour nous, une opportunité d’acheter moins cher parce qu’il est loin. Il faut le faire venir, nous ne sommes pas juste à côté des forêts landaises. Il est même légèrement plus cher que le bois vert". Gautier devait tout de même remonter son stock de bois avant l’hiver. L’offre est réduite du fait des pellets.

bois brûlé récupéré par l'entreprise

Crédit : Alouette | M.J

Une différence pour le client ?


Pas de crainte de recevoir un meuble noirci, pourri ou "effet cendré", "au niveau du bois fini, il n’y a pas de différences avec le bois actuel" rassure David Soulard.


Le prix par rapport au bois classique ne change pas, pas de risques non plus sur la santé, seul le bois vert est conservé au moment de la découpe, aucun moyen donc de savoir si le meuble que l’on vient de recevoir a été conçu avec du bois landais ou charentais. "On commence tout juste à en parler en disant à nos clients qu’on a fabriqué ces dernières semaines à partir de bois brûlé. Mais je pense que c’est quelque chose qui peut donner du sens, et je pense qu’on va le dire".


 


"Le Made in France, c’est rapprocher les usines du besoin"


100% du bois utilisé par la société est français. Ce coup marketing est une nouvelle opportunité pour Gautier d’affirmer ce constat. David Soulard mise sur le 100% Français, dans un contexte où les coûts flambent, notamment ceux de l’énergie.


"C’est ce qu’on a toujours voulu faire et c’est ce qui est notre force aujourd’hui. L’intérêt du Made in France, aujourd’hui, c’est la durabilité et la partie environnementale des produits qui sont fabriqués". Par ce biais, Gautier montre une image durable, en étant proche de son territoire et ce, dans la durée.


 


L’impact écologique, un enjeu chez Gautier


La société a pour objectif d’être l’une des premières entreprises françaises à utiliser 100 % de bois recyclé et recyclable dans ses meubles d’ici cinq ans. Pour cela, elle multiplie les initiatives pour réduire l'impact de leur activité sur la planète (Made in France, recyclage du bois, réduction des emballages, optimisation des transports).


Le fabricant de meubles affirme que "l’industrie n’est pas opposée à l’environnement. L’industrie peut être totalement en phase avec l’environnement. En tout cas, Gautier est en train d’accélérer vers cette décarbonation".


Selon David Soulard, être en phase avec l’environnement, c’est être en phase avec la génération actuelle. "Je pense qu’en matière de recrutement, c’est énorme. Les nouvelles générations se renseignent énormément sur le sens à donner à leur travail. On a, aujourd’hui, un vrai renforcement du recrutement grâce à ça".


Puisque la seconde main s’impose de plus en plus dans la manière de consommer des Français, Gautier s’aligne et annonce un partenariat avec la start-up Isidore. La "marketplace" va permettre aux acheteurs d’occasion des meubles Gautier d’obtenir une certification, par le biais d’une authentification du produit.


"Nous contribuons ainsi à ce que nos meubles ne restent pas dans les maisons ou dans les garages, mais soient transmis via cette plateforme isidore.com. Nous sommes vraiment les premiers fabricants français à lancer cette collaboration avec cette plateforme web" s’est félicité David Soulard


 


Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac.