Vers une fin de la “fast-fashion” ?

15 mars 2024 à 15h35 par Nicolas Mercier

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Derrière les t-shirts à 5€ et les milliers de nouveaux articles disponibles chaque jour sur le site chinois Shein, se cache une industrie qui préoccupe de plus en plus l’Assemblée Nationale.

Vers une fin de la “Fast-Fashion” ?

Crédit : Envato - DR

C'est une première mondiale : les députés français ont adpoté ce jeudi 14 mars, en première lecture, à l'unanimité, des mesures pour mettre un frein à la "fast-fashion".


Dans les faits, il sera donc interdit de faire de la publicité pour des vêtements à prix cassés. À cela, s’ajoute un système de "Bonus/Malus environnemental" afin de rendre moins attractifs les produits provenant de marques comme Shein, H&M ou encore Primark.


Cette loi, portée par Anne-Cécile Violland issue du groupe Horizons à l’Assemblée Nationale, a fait l’unanimité mais doit encore être débattue au Sénat dans les prochaines semaines. "L'industrie textile est la plus polluante, elle représente 10% des émissions de gaz à effet de serre", selon elle. Ce texte fera de la France "le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l'ultra fast-fashion", a salué dans l'hémicycle le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.


 


La "fast-fashion", c'est quoi ?


Arrivée à l’aube des années 2000, la fast-fashion représente (pour une marque de textile) une nouvelle manière de présenter (et de produire) ses collections.


Précédemment, une marque de vêtements réalisait deux collections : une première “Printemps/été” et une seconde “Automne/hiver”. La Fast-Fashion propose de nouvelles références à un rythme beaucoup plus soutenu. Des marques comme H&M, Primark ou encore Zara proposent jusqu’à 500 nouveaux modèles par semaine !


Représentant déjà un réel problème environnemental et éthique, la fast-fashion s’est vue “détrônée”, il y a quelques années, par “l’Ultra Fast Fashion”, avec des enseignes comme les chinois Shein ou encore Temu. Ces dernières proposent jusqu’à 10 000 produits inédits par jour (!), le tout à des prix imbattables (souvent avoisinant les 10€).


 


Un poison pour l'environnement


L’impact environnemental que représente ce système est colossal, et pour la première fois, la France envisage de sanctionner ce genre de pratique. En 2022, Shein représentait un cinquième du marché mondial du vêtement.


Au global, l’industrie et la production vestimentaire sont responsables de 10% de la production de gaz à effet de serre ; soit plus que le transport maritime et aérien combinés.


Pour ce qui est du marché français, toujours en 2022, ce sont près de 3,3 milliards de vêtements qui ont été mis en vente (soit une moyenne de près de 50 vêtements par personne). Cela représente une hausse de 500 millions de produits textiles en plus par rapport à 2021.


 


Quelles répercussions pour les consommateurs ?


La proposition de loi, votée à l’Assemblée Nationale, veut permettre la mise en place de plusieurs mesures. Outre l’arrêt des publicités pour les produits bradés, des actions concrètes sont envisagées. La première consiste en un système de "Bonus/Malus" sur les produits issus de la Fast-Fashion. Ainsi, le “coût environnemental” sera “intégré” au prix du vêtement. Cela pourrait ainsi augmenter le prix d’un t-shirt jusqu’à 50%, le tout dans une limite de prix située à 10€ maximum. Pour un t-shirt vendu 9€, le prix pourrait donc être de 13,50€. 


De plus, une nouvelle étiquette d’information pourrait faire son apparition dans vos cols de chemise. Cette dernière pourrait indiquer aux consommateurs des impacts liés à la production du vêtement étiqueté  : Impact Carbone, Méthode de production et coût d’importation feront partie de la liste. Cette dernière donnera lieu à une notation, comme pour le "nutriscore" dans l’industrie alimentaire ou l'Originescore, lui, encore en élaboration.