Voile : Gabart devant la justice pour débloquer sa participation à la Route du Rhum
Publié : 23 juin 2022 à 10h00 par Fabienne Lacroix
François Gabart et le groupe Kresk, propriétaire du bateau SVR-Lazartigue, font face jeudi en justice à la classe Ultim avec laquelle ils sont en litige sur la conformité du voilier, avec pour enjeu la participation à la prochaine Route du Rhum.
Crédit : Capture écran | Facebook | Trimaran SVR Lazartigue | DR
Lors d'une audience en référé à Paris, la justice ne tranchera pas sur le fond mais sur la forme : il ne s'agit pas de déterminer si le maxi-trimaran volant de 32 mètres de long est conforme ou non conforme aux règles de la classe Ultim 32/23 dont il dépend pour s'aligner sur la Route du Rhum, mais sur le respect d'une date fixée entre les deux parties pour tenter de résoudre le conflit qui les oppose depuis septembre dernier.
"Il y a un contrat qui a été signé entre l'ensemble des armateurs de la classe et SVR Lazartigue. On cherche à obtenir l'exécution de ce contrat qui prévoyait, si certaines conditions étaient remplies et on considère que ces conditions sont remplies, que la classe prenne l'engagement définitif de permettre au défi SVR Lazartigue de participer à la Route du Rhum", indique-t-on à l'AFP du côté de Kresk.
A l'origine, un bateau appartenant à une flotte élitiste, innovante et performante, mis à l'eau en juillet 2021 et qui dérogerait à une règle internationale de sécurité (règle 3.11) de la World Sailing. La Fédération internationale de voile a été consultée et a rendu son interprétation. Pas dans le temps imparti, selon les plaignants.
Une histoire de dates
"Le contrat disait que l'organe qui a été consulté avait jusqu'au 4 mars pour donner une réponse. S'il n'en donnait pas avant le 4 mars, la classe nous permettait de participer à la Route du Rhum. Le 7 mars est la date à laquelle l'avis a été publié sur le site de l'organe qui a été consulté", assure-t-on côté Gabart.
D'après une source proche du dossier, la décision aurait "été publiée le 23 février sur le site de la World Sailing puis retirée à la demande de SVR-Lazartigue et finalement republiée dans les mêmes termes le 7 mars".
Sur le fond, cette affaire complexe est une histoire de position de winches (postes de manoeuvres) par rapport au pont (selon la règle 3.11, les winches ne doivent pas être situés sous le pont pour la sécurité des marins). Or la définition d'un pont est soumise à interprétation.
Le litige bloque la participation du bateau SVR-Lazartigue à la Route du Rhum, course transatlantique en solitaire qui partira le 6 novembre de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Les organisateurs de la course quadriennale ont soumis les engagements aux règles des classes. Pour être au départ, il faut présenter au plus tard le 6 octobre un certificat de jauge ou une dérogation, délivrés uniquement par les classes dans le cadre de cette course. C'est ce sésame que Gabart et Kresk - dirigé par Didier Tabary - viennent chercher au judiciaire. Ils ont également demandé des dédommagements financiers.
Équité
Du côté du collectif Ultim, qui n'a pas souhaité communiquer avant l'audience pour "réserver la primeur au tribunal", on défend depuis plusieurs mois "l'équité sportive".
"On a envie que SVR Lazartigue fasse des courses, et avec nous. Mais dans une équité sportive. Et la notion de sécurité abordée touche un problème d'équité sportive", avait-on souligné à l'AFP, évoquant du "dopage technologique".
"François Gabart a enfreint une règle pour en tirer un avantage en terme de performance sur son bateau et avoir un aérodynamisme parfait et un centre de gravité mieux placé", avait-on indiqué, précisant que Gabart et Kresk s'étaient "engagés à modifier leur bateau si la décision de la World Sailing était négative".
La classe Ultim 32/23 a été créée en 2018 et est gérée à ce jour par les armateurs que sont Sodebo (avec le skipper Thomas Coville), Banque Populaire (Armel Le Cléac'h), Actual (Yves Le Blévec), Gitana (écurie du bateau Maxi Edmond de Rothschild skippé par Charles Caudrelier) et Brest Ultim Sailing (Arthur Le Vaillant).
Les règles ont été écrites par le collectif monté en 2013 et dont faisait partie Gabart, alors avec la Macif.
(avec AFP)