Avec son application, Philippe Croizon rend le handicap "VIP"

27 février 2024 à 14h18 par Milan Coulais

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Une application référençant les places de stationnement pour les personnes handicapées : "Very Important Parking" a été lancée il y a un mois par Philippe Croizon. Le Châtelleraudais, amputé des 2 bras et des 2 jambes, envisage de développer encore un peu son application.

Philippe Croizon
Crédit : Symaps

À son actif, Philippe Croizon compte déjà de nombreux exploits sportifs comme la traversée de la Manche en 2010. Aujourd’hui, c’est au travers d’une application mobile qu’il poursuit son combat pour faciliter la vie des personnes à mobilité réduite. Rencontre.

 

Philippe Croizon, pouvez-vous nous dire comment vous est venue l’idée de créer cette application ?

L’idée est toute simple. C’est avec mon ami et associé Thierry Garot qu’en regardant ma voiture chez moi je me suis dit qu’en faisant autant de conférences, ce n’était pas normal d’avoir autant de difficultés à se garer. Je gaspille de l’essence, je perds mon temps et je m’énerve. Alors on se regarde et on se dit "Tiens, si on créait une application ?". L’idée est donc venue entre des copains au cours d’une discussion de comptoir. Alors, comme pour la traversée de la Manche et la plupart de mes aventures, on a foncé tête baissée. Cela fait désormais 4 mois que nous avons eu l’idée et maintenant 1 mois que l’application est sortie.

 

Que peut-on trouver sur cette application et comment fonctionne-t-elle ?

C’est une application que l’on peut retrouver sur le Play Store et l’Apple Store. Elle est aussi téléchargeable via le site internet very-important-parking.fr. Sur cette application, on y trouve tout ce qui est accessible pour les personnes en situation de handicap : les places de parking, les boulangeries, les pharmacies mais aussi les toilettes. Nous référençons également les lieux de loisirs comme les cinémas, les théâtres ou encore les plages. On surnomme l’application le "Waze" de l’accessibilité universelle à la fois pour les 12 millions de personnes handicapées mais aussi pour les 11 millions d’aidants.

Philippe Croizon et son associé Thierry Garot. : Symaps

 

Aujourd’hui, est-ce toujours compliqué de trouver des places de parking pour les personnes à mobilité réduite ?

C’est la croix et la bannière ! C’est pour cela que l’idée de cette application est géniale. On a des retours partout à travers la France de gens qui nous remercient. Cela leur simplifie la vie, ils n’ont plus besoin de chercher ou de se demander s’ils peuvent aller à tel endroit. Pour faire passer un message fort, il faut savoir que pour un commerce comme un restaurant ou une boulangerie par exemple, l’accès aux personnes à mobilité réduite représente 10 à 12% de chiffre d’affaires supplémentaire.

De plus, l’application est participative, c’est très ludique. On peut indiquer des toilettes ou des places de parking. Bientôt il sera aussi possible de déclarer les commerces ou les lieux culturels. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure et nous avançons déjà à une vitesse folle !

 

Pensez-vous que la loi qui impose un quota de places de parking réservé aux personnes à mobilité réduite est respectée en France ?

Globalement on pourrait dire que oui mais cette loi stipule que seulement 2% des places de parking doivent être réservées aux personnes à mobilité réduite. Tout de même il ne faut pas s’arrêter là et continuer à penser aux personnes handicapées. C’est pourquoi avec "Very important parking" nous comptons dans le futur remettre des prix aux villes handi-accueillantes.

 

Combien de personnes espérez-vous toucher avec cette application ?

Le maximum ! C’est aussi pour cela que l’application est gratuite. En parallèle, nous travaillons aussi directement avec des entreprises.

On a aujourd’hui dépassé les 15 000 téléchargements et nous continuons à référencer dans toute la France les places de parking, les toilettes et autres lieux pour les personnes à mobilité réduite.

 

Dans ce sens, plus il y aura d’utilisateurs plus l’application comptera de lieux référencés alors ?

Exactement puisque comme nous l’avons dit, l’application est participative. Des personnes se baladent aujourd’hui dans leur ville pour indiquer les lieux accessibles. Vous savez, à l’image de l’application Pokémon Go aujourd’hui, des utilisateurs se baladent non pas pour chasser des Pokémons mais pour aider des personnes handicapées dans les lieux publics.