Centre-Val de Loire : la colère de la ligue de natation face aux fermetures de piscines

3 janvier 2023 à 8h16 par Bastien Bougeard

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Depuis le mois de septembre 2022, les collectivités annoncent parfois fermer leur piscine pendant un certain temps pour faire des économies d’énergies. En Centre-Val de Loire, la situation déplaît au président de la Ligue de Natation qui a signé une tribune pour dénoncer ces décisions.

Piscine
Le centre aquatique du val d'Amboise est ouvert depuis le 23 octobre.
Crédit : DR | Pixabay

Le début d’année 2023 va être marqué par des fermetures temporaires des piscines dans de nombreux départements. Des fermetures décidées par les collectivités locales pour éviter une hausse trop importante des factures liées à l’énergie. Pour autant, ces fermetures provoquent la colère et l’incompréhension des nageurs. Le président de la Ligue de natation du Centre-Val de Loire, Michel Sauget, a d’ailleurs écrit aux élus pour dire sa colère et son incompréhension.

Est-ce que vous avez le nombre de piscines qui sont actuellement fermées en Centre-Val de Loire ?

J’ai envoyé un message à tous les clubs de la ligue, à savoir les 54 clubs, pour savoir ce qu’il en était des installations chez eux. J’ai eu un taux de réponses, je dirais, relativement satisfaisant puisque je dépasse les 60 %, ce qui est pas mal. À ma connaissance, à l’heure actuelle, il y a douze piscines, sur une cinquantaine qui sont fermées dans la région.

Douze piscines sur une cinquantaine qui sont fermées, cela ne vous plaît pas ?

Effectivement, après la Covid-19 où on a perdu un bon nombre de licenciés, on commençait à remonter la pente cette année. Là, on se retrouve encore avec des fermetures de piscines ou des baisses de températures. Ça va ammener des difficultés pour les compétiteurs mais surtout, je pense, pour l’apprentissage. On a trop tendance à considérer que les piscines sont des équipements de loisirs, moi, j’estime que ce sont avant tout des équipements éducatifs d’apprentissage de la natation, au même titre qu’une école. Le ministère a mis en place, effectivement, de nombreux dispositifs en partenariat avec la Fédération Française de Natation pour, justement, éviter les noyades et faire en sorte qu’on améliore l’apprentissage de la natation. Donc il est un petit peu dommage d’avoir des avis contraires avec des fermetures de piscines qui vont empêcher la mise en place de ces dispositifs. Je considère que c’est une solution de facilité parce qu’on sait qu’une piscine est énergivore, ça, ce n’est pas nouveau. J’entends trop souvent parler de déficit d’une piscine mais, pour moi, ce n’est pas un déficit, c’est un coût social comme une école, un musée ou un gymnase. Tous ces lieux de vie et d’apprentissage, on ne peut pas parler en coût et en déficit. Ce n’est pas uniquement un aspect économique qui doit rentrer en ligne de compte. Là, on a vraiment l’impression que les politiques utilisent un petit peu cette vitrine qu’est la piscine pour expliquer qu’ils font tout leur possible pour faire des économies d’énergie.

Quand ce ne sont pas les piscines qui ferment, c’est le chauffage qui est baissé en dessous de 26°, pourquoi cela vous fâche ?

La température "classique" d’une piscine, c’est 27/28°. Pour les nageurs de compétition, on peut estimer que jusqu’à 26,5/26°, c’est jouable. Au niveau de l’apprentissage à 26°, les enfants ne mettent plus les pieds dans l’eau. Parce que, eux, ils ont beaucoup plus d’opposition statique et c’est beaucoup plus compliqué pour eux de rester dans l’eau, c’est trop froid. Beaucoup d’écoles ne vont plus aller à la piscine à cause de cette baisse de température.

Ça veut dire que certains enfants ne sauront pas nager à la fin de l’école primaire ?

Voilà, c’est exactement le cas. Le ministère a mis en place des dispositifs, parce que l’objectif de savoir nager à l’entrée au collège n’a jamais été atteint, on en est même très loin. Donc c’est pour ça que les ministères successifs ont mis en place ces systèmes de J’apprends à nager, d’aisance aquatique, en lien avec la fédération pour palier, justement, ce problème de difficultés d’apprentissage. C’est vrai qu’il y a quand même eu des résultats. Si je prends les chiffres de la saison dernière, au niveau de la Fédération Française de Natation, au niveau de la ligue, je parle bien au niveau régional, il y a quand même plus de 11 000 enfants qui sont passés par ce dispositif et qui ont, ainsi, pu apprendre à nager.

Est-ce que le problème, aussi, ce n’est pas dans les méthodes de chauffage des piscines ? Par exemple, Balsan’éo à Châteauroux, c’est une pompe à chaleur en géothermie. Est-ce que ce n’est pas aussi ce vers quoi on devrait s’orienter ?

Je crois que c’est, effectivement, la solution d’avenir. Que ce soit la géothermie ou la biomasse. C’est pour ça que j’ai du mal à comprendre que des piscines, qui sont chauffées avec ces types d’énergies, ferment. Le coût de l’électricité et du gaz a augmenté, effectivement, mais au niveau de la biomasse, l’augmentation n’est quand même pas aussi sensible. Pour exemple, le Complexe Nautique de la Source à Orléans est chauffé en biomasse. Donc effectivement, on a du mal à comprendre qu’une piscine récente et chauffée en biomasse soit fermée pour économiser de l’énergie. C’est difficilement compréhensible.

Propos restranscrits par Mikaël Le Gac.