Du fait de l'inflation, le Smic franchit la barre des 1 300 euros net
Publié : 15 avril 2022 à 15h35 par Arnaud Laurenti
Le smic va augmenter de 2,65% au 1er mai selon le ministère du Travail.
Du fait de l'inflation, le Smic sera revalorisé le 1er mai pour la troisième fois en sept mois et franchira la barre mensuelle des 1 300 euros net mais ni Emmanuel Macron, ni Marine Le Pen ne souhaitent aller au-delà de cette augmentation automatique.
Cette hausse, qui va bénéficier directement à un peu plus de deux millions de salariés, sera de 2,65% selon le ministère du Travail.
Pour un temps plein, le Smic mensuel s'établira à 1.645,58 euros brut. En net, il atteindra 1.302,64 euros, soit une hausse de 34 euros. Le Smic horaire brut passera de 10,57 à 10,85 euros.
En janvier, le Smic avait augmenté de 0,9% après une hausse exceptionnelle de 2,2% en octobre, déjà due à l'inflation.
Sur un an - de mai 2021 à mai 2022 - le Smic aura augmenté de 5,9%, soit 72 euros net.
Calcul sur l'inflation
En France, le pouvoir d'achat des travailleurs au Smic est protégé par un dispositif de revalorisation automatique qui assure que le salaire minimum progresse au moins aussi vite que les prix, pour les ménages les plus modestes.
Selon les chiffres publiés par l'Insee vendredi, l'inflation hors tabac entre novembre 2021 et mars 2022, tirée par la hausse des prix de l'énergie, s'établit à 2,65% pour les 20% des ménages ayant les revenus les plus modestes. Le Smic sera donc augmenté dans les mêmes proportions.
Ce mécanisme est d'autant plus protecteur que, comme le soulignait dès la mi-mars le chef du département de la conjoncture de l'Insee Julien Pouget, l'indice des prix pour les ménages modestes augmente plus vite que l'indice global "compte tenu de la pondération de l'énergie et de l'alimentation dans sa composition".
"Sur les 30 pays de l'OCDE ayant un salaire minimum, il n'y en a que trois qui prévoient une revalorisation automatique liée à l'inflation et un seul - la France - qui prévoit qu'elle puisse se répéter en cours d'année", souligne l'économiste Gilbert Cette, président du groupe d'expert sur le Smic qui doit être consulté par le gouvernement avant chaque hausse.
Selon lui, l'évolution de l'inflation dans les prochains mois reste imprévisible du fait de la guerre en Ukraine, même si elle devrait être impactée par l'entrée en vigueur de la ristourne gouvernementale de 15 à 18 centimes par litre de carburant.
"Il y a ensuite l'inconnue de la transmission de la hausse des prix des matières premières vers les prix de production, puis vers les prix de vente et les salaires", explique-t-il.
Minima de branches
Si plusieurs syndicats - mais pas la CFDT - réclament une hausse beaucoup plus forte du Smic - 10% pour l'Unsa par exemple - les deux finalistes de l'élection présidentielle sont opposés à un "coup de pouce" qui n'est plus intervenu depuis l'élection de François Hollande en 2012 et pénaliserait selon eux l'emploi des moins qualifiés.
Marine Le Pen veut encourager les entreprises à augmenter les salaires, en exonérant de cotisations celles qui augmentent de 10% leurs salariés gagnant l'équivalent de moins de trois Smic.
De son côté, Emmanuel Macron veut tripler le plafond de la prime sans charges sociales ni fiscales que peuvent verser les entreprises à leurs salariés.
Autre conséquence de cette hausse du Smic, beaucoup de branches vont se retrouver avec des minima salariaux --définis par leurs conventions collectives-- à nouveau dépassés par le Smic.
Sur les 171 branches couvrant plus de 5.000 salariés, 67 affichaient fin mars, avant même cette revalorisation, une grille comportant au moins un coefficient inférieur au Smic, selon le ministère du Travail.
La CFDT réclame que ces branches rattrapées par la hausse du Smic soient contraintes d'ouvrir des négociations dans un délai de trois mois pour pouvoir continuer à bénéficier des exonérations de cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,6 Smic.
La CGT propose, elle, que chaque hausse du Smic donne lieu à une revalorisation automatique des minima de branche, afin d'éviter un "écrasement" des salaires du bas de la grille.
(avec AFP)