Fabrice Amedeo : "mon bateau a coulé en flamme sous mes yeux"
15 novembre 2022 à 18h09 par Maëva Bossard
Le skippeur raconte l’explosion de son bateau pendant la Route du Rhum.
Ce lundi 14 novembre, le navigateur Fabrice Amedeo a été contraint de quitter la course solitaire transatlantique de la Route du Rhum après l’explosion de son bateau.
Alors qu’il se dirigeait vers Cascais, au Portugal, Fabrice Amedeo a dû abandonner son navire en feu. Il raconte l’incident qui s’est déroulé ce lundi 14 novembre, dès 11h40.
"J’ai un blackout complet à bord"
Tout se passait bien pour le skippeur qui naviguait à bord de l’Imoca Nexans – Art & Fenêtres, en direction des côtes portugaises. Celui-ci avait subi une avarie la veille. Alors qu’il avançait tranquillement sur la mer un peu agitée, il s’est rendu compte que son ballast, un réservoir d’eau destiné à facilité la navigation, a explosé, laissant s’évacuer des litres d’eau.
"Je m’arrête pour être en sécurité et je commence à tout vider. À ce moment-là, les batteries touchées par l’eau tombent en panne et j’ai un blackout complet à bord. Je n’ai plus d’électricité : plus de pilote automatique, plus d’ordinateur, plus d’électronique. Je décide, en concertation avec mon équipe, de faire route prudemment vers Cascais", raconte-t-il sur son site internet.
Une fumée se met à surgir. Fabrice Amedeo prévient son équipe et demande de l’aide en mer. Il n’en n’aura finalement pas besoin, puisque la fumée finit par s’arrêter.
"Je suis au milieu des flammes"
Et pourtant, quelques heures plus tard, une deuxième explosion retentit sur l’Imoca Nexans -Art & Fenêtres. Cette fois-ci, il comprend qu’il ne pourra pas réparer les dégâts : "La fumée n’est pas blanche comme hier mais jaune. Le cockpit se gondole et jaunit. Les embruns d’eau de mer font comme le bruit de l’eau sur une casserole. Je comprends que je vais devoir évacuer."
Et il a raison, puisqu’après avoir alerté son équipe "d’une possible évacuation", le bateau se met à prendre feu : "Un torrent de flamme sort de la cabine et de la casquette. Je suis au milieu des flammes. Je ne peux même pas ouvrir les yeux. Je parviens à pousser le radeau de survie à l’eau et à sauter".
"Ce géant d’acier"
Après quelques minutes de lutte pour ne pas chavirer avec le navire, Fabrice Amedeo parvient à s’en extirper à bord de son radeau. C’est le début d’une longue attente qui suit l’alerte du skippeur à son équipe. Au bout d’un long moment, il reçoit l’information qu’un cargo, le M/V MAERSK BRIDA, est en route pour le secourir.
"C’est très impressionnant d’être dans mon radeau pneumatique à quelques mètres de ce géant d’acier. […] Je suis accueilli par une vingtaine de membres d’équipage. C’est fou ce moment. Ils me prennent dans leur bras, me félicitent. […] C’est une fois à bord du cargo que la peur et l’adrénaline sont venus", confie-t-il.
Par la suite, direction les Açores, où le cargo l’a déposé ce matin : "Je suis dévasté mais le plus heureux des hommes car ce soir ma femme et mes filles ne vont pas se coucher en pleurant".