Finistère : "Les abandons d’animaux n’ont jamais été si nombreux"

Près de 3 000 chiens et plus de 8 500 chats ont été abandonnés en France, dans les refuges de la SPA depuis le 31 mai dernier. Un terrible constat.

Dans le Finistère, le Refuge Animalier du Pays de Landerneau est lui aussi plein à craquer. Près de 300 animaux sont actuellement disponibles à l’adoption et le refuge ne peut plus en accueillir de nouveau. Entretien avec la présidente bénévole du refuge, Isabelle Demeslay.

Quelle est la situation actuelle au Refuge Animalier du Pays de Landerneau ?

Tous les ans, c’est vrai que c’est difficile. Mais alors cette année, depuis 24 ans que le refuge existe, c’est la pire année au niveau des demandes de prises en charge de chiens, de chats et de lapins. Notre refuge, comme hélas beaucoup d’associations actuellement, est archi-complet.

Comment expliquez-vous cette situation inédite ?

On entend beaucoup parler de l’inflation mais ce n’est pas la seule explication. Depuis quelques années, on constate que certaines personnes ne réfléchissent pas toujours suffisamment avant d’adopter. Malgré la nouvelle loi qui oblige à une réflexion de sept jours, on a toujours ces personnes qui arrivent au refuge, qui souhaitent avoir tel ou tel animal et qui ne nous écoutent pas. Il faut savoir aussi qu’on refuse beaucoup d’adoptions, donc les gens repartent mécontents. Parce qu’on essaie un petit peu de faire le tri entre ces personnes qui ont vraiment réfléchi, qui ont conscience de l’adoption d’un animal, et puis les autres qui, de manière compulsive, veulent un animal pour avoir un animal.

Le "Certificat d’engagement et de réflexion", en vigueur depuis le 1^er octobre 2022, n’a rien changé ?

Au niveau administratif, si. C’est-à-dire que pour les bénévoles de refuges, c’est beaucoup plus de papiers à faire et à signer. Ce n’est plus un simple contrat d’adoption, cela prend beaucoup plus de temps. Ces sept jours de réflexion ne sont pas réellement utiles. Au Refuge Animalier du Pays de Landerneau, on avait déjà une "période d’essai" de quinze jours dans nos contrats. Pendant ces quinze jours, les gens avaient cette possibilité de revenir vers nous, on reprenait l’animal et ils avaient six mois pour trouver l’animal correspondant à leurs attentes et à leur situation. Donc on avait déjà cette possibilité dans les contrats. On pense que ce certificat n’a pas amélioré les conditions d’adoption.

Vous avez des "retours" d’animaux ?

On n’en a pas énormément mais on en a. Il faut bien savoir que c’est aussi un engagement financier sur plusieurs années. On leur fait aussi se poser des questions en cas de changement de situation. Parce qu’il faut savoir que les motifs d’abandons sont toujours les mêmes : les séparations, les divorces, les changements de profession, les déménagements, les personnes âgées qui partent en EHPAD ou qui sont hospitalisées. Donc voilà, ce sont toujours les mêmes motifs. On refuse énormément d’adoptions, parce que les critères ne correspondent pas, et les gens ne comprennent pas forcément.

Quelles sont vos problématiques actuelles, concrètement ?

Toute l’année, il y a des listes d’attente épouvantables, mais autant de refus de chiens, par exemple, c’est la première fois. On ne peut plus accueillir de chiens faute de place. Concernant les chats, on a beau faire des campagnes de stérilisation, informer les gens… Il y a toujours des portées de chatons. C’est une catastrophe ! Ce sont des portées de chatons retrouvées dans des cartons, auprès des poubelles ou retrouvées le matin à la porte du refuge. Ce n’est plus possible, c’est démoralisant.

Combien d’animaux accueille actuellement votre refuge à Landerneau ?

C’est une structure qui n’accueille que les chiens. Tous les autres animaux sont en familles d’accueil. Actuellement, on a plus de 220 chats en familles d’accueil. L’année dernière, on a même été jusqu’à 250 chats dans une cinquantaine de familles d’accueil. On récupère parfois des chatons qu’il faut biberonner. On a énormément de lapins depuis plusieurs années suite à des achats compulsifs dans des animaleries. Actuellement, nous en avons 18 à l’adoption. Nous avons également deux octodons, des rats et des souris qu’on a sauvé d’un laboratoire. Quant aux chiens, on en a une trentaine alors que la capacité d’accueil est de 23. Les plus vieux et les plus craintifs d’entre eux sont en familles d’accueil, actuellement.

Comment procéder pour pouvoir adopter l’un des nombreux animaux du refuge ?

Pour les gens qui ont bien réfléchi et dont la situation s’y prête, on a un animal qui correspond à leurs attentes. Au refuge, actuellement, on a du plus petit au plus grand. On a vraiment des jeunes chiens, des moins jeunes. Idem pour les chats, on en a des jeunes et des adultes. C’est formidable aussi d’adopter un adulte, je vous assure, c’est génial. Pour les chiens, il suffit de venir les voir au refuge. Ceux qui sont en famille d’accueil, on contacte et on prend rendez-vous, tout simplement. Les chats, on a un partenariat avec le magasin Point Dog. Les samedis, tous les quinze jours, il y a une journée adoptions chats où les familles d’accueil viennent toute la journée avec les animaux à adopter au magasin. Pour ce qui est des autres animaux, les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), il suffit de prendre rendez-vous, d’envoyer un mail. On rentrera en contact avec la personne qui pourra ensuite aller voir l’animal dans la famille d’accueil.

Tous ces animaux sont à retrouver sur le site du refuge : www.refugeanimalierdupaysdelanderneau.over-blog.com

Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac