Florence Dabin : "Si mon parcours peut donner envie à des femmes de se challenger, c'est parfait !"
Publié : 8 mars 2022 à 10h47 par Arnaud Laurenti
Florence Dabin est présidente du conseil départemental du Maine-et-Loire. L'élue a répondu à nos questions à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Présidente du conseil départemental du Maine-et-Loire, Florence Dabin a répondu à nos questions à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Son parcours, ses relations au quotidien ou encore sa vision de la parité : l'élue s'est confiée dans un entretien avec la Rédaction.
Quel a été votre parcours pour accéder à cette présidence ? Est-ce que ça a été compliqué ?
L’arrivée à la présidence du département de Maine-et-Loire s’est faite plutôt naturellement. Mais naturellement avec un contexte politique qui lui s’est imposé à moi et aux autres. C’est-à-dire que mon prédécesseur étant candidat à sa succession, il avait, comme tout candidat à une élection, l’intention de gagner et après de briguer un nouveau mandat. Les résultats ont été ce qu’ils ont été et une succession s’est ouverte. Je crois que, clairement, c’est à ce moment-là que l’évidence prend forme.
Je suis élue à la ville de Cholet depuis l’âge de mes 21 ans, j’en ai 42 aujourd’hui, c’est donc la moitié de ma vie. J’ai été élue au département du Maine-et-Loire, à l’époque on appelait ça conseillère générale, j’avais 28 ans, c’était en 2008. Et puis, avec Christophe Béchu, je suis devenue vice-présidente.
Quelque part, c’est un parcours qui est assez fluide et qui s’est construit au fil du temps, au fur et à mesure des mandats et des délégations qui m’ont été confiés par les hommes politiques que j’accompagnais. Et puis, surtout par cette appétence de me savoir utile. D’être utile aux autres, ça m’a toujours guidée. Ça m’a guidée dans ma vie professionnelle en étant professeure des écoles : une envie de transmettre. C’est la raison pour laquelle ma personnalité, mon expérience de 21 ans m’a permis de proposer ma candidature à la présidence et j’ai eu un écho plus que favorable de la part des élus de la majorité. Et même de la minorité, qui voyait ça d’un très bon œil : ils ont aimé la signature de la femme qui arrivait à la tête de ce département, et première femme, c’est historique.
Ne peut-on pas également se dire que des élus, hommes et femmes, se sont dit que de voter pour une femme donnerait une bonne image au département ?
Oui, on peut le dire. On peut dire que ça a amené une image moderne, une image très dynamique d’une femme qui est solaire, qui est rayonnante et qui aime les autres. Le fait d’arriver avec une personnalité comme la mienne, avec la légitimité de mon parcours politique, de mon parcours professionnel, l’âge qui est le mien et les traits de caractère qui sont les miens, font que oui, clairement, je dois le dire.
C’est vrai que ça me gêne parce que j’aime l’humilité, mais en tout cas, je vois la résonnance au niveau local, au niveau départemental et même au niveau national. Et si justement, ma personnalité, cette image permet de repositionner le département du Maine-et-Loire à l’échelle nationale, qu’elle permet aux uns et aux autres de faire davantage attention aux actions que l’on porte, si ça nous amène, quelque part, une exigence à être encore meilleure, tant mieux. Ça veut dire que le travail d’équipe aura fonctionné.
Pensez-vous gérer vos équipes différemment ?
Oui, je pense. Moi, j’ai toujours servi des hommes, je n’ai jamais servi de femmes jusqu’à présent. Maintenant, je pense qu’il y a forcément une sensibilité encore plus humaine. Je pense qu’on a une exigence encore plus forte de résultats en étant élue. J’avoue que je n’ai pas envie de décevoir, même si je ne fais pas l’unanimité. Je me mets une pression pour bien connaître mes dossiers, pour encore mieux ressentir les enjeux de mon territoire, pour être encore plus à l’écoute des acteurs, de manière à avoir des actions concrètes.
Quand je suis arrivée, j’ai dit qu’il fallait qu’on humanise nos politiques. C’était une phrase qui était importante pour moi et qui résonnait parce qu’elle était évidente. Pour moi, être présidente du département du Maine-et-Loire, c’était en faire tout de suite quelque chose par rapport à ce que j’avais pu observer jusqu’alors. Humaniser, rendre plus concret, tenir la main de quelqu’un pour l’accompagner sur son chemin de vie. C’était permettre aux uns et aux autres de trouver un emploi, c'était faciliter les réseaux. C'est cette envie de servir qui me porte. Je pense qu’on a cette sensibilité profondément humaine, relationnelle, bienveillante, maternelle, voire maternante.
Pensez-vous devoir faire davantage vos preuves pour asseoir votre crédibilité ?
Je ne sais pas s’il faut prouver plus. En attendant, on sent bien que le regard est très bien. Heureusement, il y a eu un très bel écho de mon élection à la présidence. Mais on voit bien qu’il fallait être immédiatement en accord avec l'image que je renvoyais et le montrer par des faits : incarner cette présidence, qu'on se dise qu’elle fait ce qu’elle dit, et jusqu’au bout.
Vous donnez une image du département mais aussi de vous-même qui est importante. C’est un message d’encouragement que vous adressez aux femmes ?
Oui, c’est exactement ça, c’est un message d’encouragement. Quand je vois le nombre de personnes que je suis amenée à côtoyer de manière encore plus forte depuis le 1er juillet, j’ai des jeunes femmes qui me disent que je les influence, qu’elles ont envie, que je leur donne un élan pour y croire… C’est fabuleux ! Si mon parcours peut donner envie à des femmes de se challenger, c’est parfait.
On n’a pas forcément connaissance de tout ce qu’on peut semer pour les autres. La vocation inconsciente, c’est de faire en sorte qu’il y ait d’autres Florence Dabin (rires).
Comment faites-vous pour conjuguer vie professionnelle et vie personnelle ?
Cette question, c’est l’occasion pour moi de rappeler que j’ai aussi une vie de femme et que je possède aussi une maison. Donc naturellement, ça veut dire entretenir sa maison comme tout le monde (rires). C’est prendre du temps en famille, c’est prendre soin de son entourage affectif, et ça veut dire aussi, adapter son agenda. C’est ça aussi une vie de femme élue : c’est arriver à tout composer pour arriver à avoir cette formidable harmonie qui fait que la vie personnelle nourrit la vie professionnelle, et inversement. C’est un juste équilibre à trouver.
Vous n’êtes pas un peu fatiguée parfois ?
Il arrive que je sois épuisée. C’est pour ça qu’à un moment donné, il faut savoir écouter son corps. Parce qu’on veut tellement donner le meilleur de nous-même qu’on ne s’écoute pas. Parce qu’on veut être à la hauteur de la mission, parce qu’on a une conscience professionnelle, parce qu’on ne veut pas décevoir, parce qu’on a des vies qui nous sont confiées… Et, on a naturellement tendance à s’oublier un peu.
C’est pour ça qu’il faut écouter son corps pour pouvoir avoir ces bulles d’oxygène où vous vous ressourcez dans votre maison, ou dans un jardin, ou au bord de la mer, ou le long d’un lac, peu importe le lieu. En tout cas, un endroit qui nous est cher et qui nous permet, justement, de recharger les batteries et de revenir aux affaires en étant meilleure, même si ce n’est que quelques heures. C’est essentiel.
(Entretien réalisé par Denis Le Bars et retranscrit par Mikaël Le Gac)