Grève chez Amazon France

Publié : 6 avril 2022 à 8h47 par Arnaud Laurenti

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Le fonctionnement de certains sites logistiques est perturbé.

Grève chez Amazon France ce lundi
Crédit : Unsplash

Pas toujours d'accord jusque-là, les cinq syndicats représentatifs d'Amazon en France viennent, "pour la première fois" selon eux, d'appeler main dans la main à la grève en raison d'une proposition d'augmentation salariale qu'ils jugent "dérisoire".

"La direction s'est fièrement avancée pour nous proposer une augmentation générale, dérisoire, de 3%, chose inadmissible vu le contexte actuel. Nous demandons une augmentation générale du salaire de 5% minimum", ont écrit la CFDT, Sud, la CGT, la CAT et le syndicat des cadres CFE-CGC dans un communiqué commun qui appelait lundi à "la grève et au débrayage".

"Au niveau national, c'est la première fois que les cinq organisations s'unissent", s'est félicité Morgane Boulard (CFDT) qui estime que cette proposition du géant du e-commerce, basée "sur une inflation de 1,6% seulement dans le transport", a "mis le feu aux poudres". "Nous on vit dans la vraie vie", a-t-elle lancé.

"C'est la première fois qu'un mouvement syndical est aussi large chez Amazon, que toutes les organisations représentatives sont présentes", abonde Alain Jeault (CGT).

 

Des perturbations sur les sites logistiques

Pour mémoire, au plus fort de la crise sanitaire du printemps 2020, seuls la CFDT, la CGT et Sud avaient porté le fer et obtenu la fermeture temporaire des sites logistiques d'Amazon en l'absence de mesures de protection pour les employés.

Certains ont même devancé l'appel de l'intersyndicale et ont entrepris dès dimanche de manifester leur mécontentement à Chalon-sur-Saône. Celui-ci s'est essentiellement exprimé lundi, mais il se poursuivait mardi, notamment à Boves, où le mouvement devait durer jusqu'à 15h30.

À des degrés divers, les huit sites logistiques d'Amazon en France viennent de subir des perturbations. La CGT et la CFDT ont recensé entre 1 200 et 1 300 grévistes parmi les quelque 15 000 salariés du groupe dans l'Hexagone.

"À Saran, certains services ont dû être fermés. A Brétigny, 200 à 300 personnes se sont retrouvées dehors lors du +shift+ de nuit", assure Hakim Taoufik (CAT).

 

Préavis de grève "illimités"

Le mouvement n'a "pas d'impact sur la capacité à servir les clients" ou sur "l'activité quotidienne", a assuré Amazon en précisant que "la majorité de ses salariés" avait repris son poste.

Les syndicats, qui avouent avoir été surpris par la spontanéité des salariés, préviennent pourtant que des "préavis illimités" ont été déposés.

"On va maintenir la pression. Sous quelle forme, on verra bien", a fait savoir M. Jeault alors que la prochaine réunion dans le cadre de la Négociation annuelle obligatoire (NAO) est prévue le 14 avril.

"Nous sommes fiers d'offrir des salaires et des avantages sociaux attractifs à nos salariés", a répondu Amazon dans un communiqué.

Le groupe, qui précise que les discussions sont "toujours en cours", met en avant une proposition d'augmentation "deux fois supérieure" à ce qui se fait dans le secteur et l'étendue de son offre, notamment l'attribution d'une action gratuite par an, d'une valeur actuelle supérieure à 3 000 euros.

"D'autres avantages sont également discutés, notamment les jours d'absence autorisés, une prime de fin d'année, une augmentation de l'indemnité de départ à la retraite", ajoute-t-il.

Pour faire face à la hausse conjoncturelle du coût de la vie, Amazon rappelle également avoir doublé dès décembre 2021 la prime inflation du gouvernement.

"Les employés bénéficient également d'une prime de transport (16 euros par mois) et d'un forfait mobilité durable (41 euros par mois) introduits lors des négociations salariales de 2021", conclut Amazon.

"Les salariés n'en peuvent plus", prévient pourtant M. Taoufik. "Ils voient la remontée du smic et ont peur de devenir smicards".

Amazon, dont des salariés aux États-Unis ont enregistré une victoire historique avec la première implantation d'un syndicat dans un site new-yorkais, assure qu'après deux ans d'ancienneté, ses employés français perçoivent un salaire horaire (12,12 euros, 12,48 euros en cas d'augmentation de 3%) "de plus de 25% au-dessus du Smic".

Au 1er mai, la rémunération minimale en France flirtera pourtant avec 10,85 euros brut par heure. À quelques centimes seulement du salaire horaire d'embauche actuel au sein d'Amazon France (10,88 euros, 11,20 euros avec 3% d'augmentation).

 

(avec AFP)