L’Everest des terres après l’Everest des mers pour Maxime Sorel
Publié : 25 mars 2022 à 15h11 par Denis LE BARS
Maxime Sorel est un homme de défi. 10ème du dernier Vendée Globe, le skipper V and B – Monbana – Mayenne s’est fixé un nouvel objectif : gravir l’Everest en 2023.
Après le tour du monde, le toit du monde. C’est le nouveau défi que s’est fixé Maxime Sorel. Le skipper originaire de Cancale le présente comme son « double Everest ». Avec en toile de fond le combat contre la Mucoviscidose.
Est-ce que vous pouvez rappeler votre parcours, ainsi que votre rapport à la mer et à la montagne ?
"J’ai fait cinq années en Class40. J’ai, ensuite lancé un projet pour le Vendée Globe 2020-2021 qu’on a réalisé sous les couleurs de V and B Mayenne. On a terminé 10e avec un bateau d’ancienne génération. Fort de cette expérience, on a décidé de construire un bateau neuf qui est en cours de construction et qui sera mis à l’eau au mois de juin prochain. Avec l’idée de réaliser trois saisons : Route du Rhum, Transat Jacques Vabre et toutes les courses de la Classe IMOCA avant de réaliser le prochain Vendée Globe. Je suis aussi passionné de montagne, j’ai mon frère qui est responsable de mon projet de courses au large et qui habite à Annecy. Donc, je passe énormément de temps là-bas, parce qu’on a des bureaux là-bas. Et, je fais toutes sortes d’activités et toutes sortes de défis en montagne. J’ai notamment réalisé l’ascension du Kilimandjaro récemment.
Après le Kilimandjaro, vous remettez ça avec l’Everest. Pourquoi ce nouveau défi ?
C’est un nouveau projet qui s’appelle Mon Double Everest. « L’Everest des mers » est le surnom qu’on donne au Vendée Globe. Je me lance le défi de faire l’Everest des terres, donc, monter sur le toit du monde à 8 848 m au-dessus des océans. Ce défi, c’est d’abord un défi sportif personnel que j’ai souhaité intégrer à mon programme sportif des quatre prochaines années. C’est aussi quelque chose qui a, pour moi, beaucoup de sens par rapport à mon rôle de parrain de Vaincre la Mucoviscidose. Je vais aller me mettre en difficulté de capacités respiratoires sur le toit du monde. Et donc, je vais encore mieux comprendre ce que peuvent vivre les patients. J’ai, aussi, envie d’embarquer vraiment un maximum de gens et que les gens s’approprient ce projet à leur manière. On n’a pas tous envie d’aller faire un tour du monde à la voile, on n’a pas tous envie de gravir des sommets, en revanche, on a tous des rêves. J’ai envie de dire à tous ces gens qu’il faut vraiment oser croire en leurs rêves et aller au bout de leurs envies.
Quel est le message que vous souhaitez véhiculer par le biais de ce nouveau projet ?
Que tout est possible ! Là, on va faire une tentative de l’Everest, comme quand on a pris le départ du dernier Vendée Globe, on avait une chance sur deux de ne pas y arriver. On a tout mis en œuvre pour être au départ, et surtout, tout mis en œuvre pour être à l’arrivée. Là, c’est pareil, ce que je souhaite dire, c’est de ne pas baisser les bras face à un obstacle, mais plutôt de faire de cet obstacle une opportunité.
Comment va se dérouler ce projet, concrètement ?
Je ne suis pas montagnard, je ne suis pas alpiniste… C’est pour ça que je me suis entouré de gens qualifiés, notamment d’une personne qui s’appelle Guillaume Vallot, qui est reporter et alpiniste. Il a déjà fait l’ascension de l’Everest en 2002, donc, il va m’aider sur toute la partie entraînement avant l’ascension et il va monter avec moi. On sera tous les deux accompagnés de locaux de l’Himalaya qui ont l’habitude de faire ça. On aura chacun une personne qui nous accompagnera, notamment sur la fin de l’ascension, sur les derniers mètres. Avant ça, on sera en autonomie sauf sur les camps de base, où là, il y aura plusieurs personnes déjà aux camps de base. Ces personnes nous aideront sur la partie logistique et alimentaire pour ne pas avoir à porter tous ces éléments. Donc, ça, on va le réaliser en avril-mai 2023. Avant ça, il y aura plusieurs phases d’entraînement. Normalement, c’est une ascension qui dure environ 45 jours. Nous, on a prévu 60 jours pour avoir plus de temps d’acclimatation sur les différents camps.
Est-ce que vous vous sentez déjà prêt psychologiquement ?
Ça fait déjà deux à trois ans qu’on se prépare, donc oui, j’ai hâte. Il reste encore une bonne phase d’entraînement l’hiver prochain. Cette année, on a fait des grosses difficultés qui sont plus importantes que celles qu’on rencontrera pendant l’ascension de l’Everest. Avec de la cascade de glace, marcher sur des crêtes un peu vertigineuses avec des crampons et des skis dans le dos… Donc voilà, techniquement, on commence vraiment à être plutôt sur la fin de l’apprentissage. Maintenant, il faut que mon corps pendant l’ascension s’acclimate parfaitement. C’est ça qui va être la plus grosse difficulté et c’est ça qui est le plus dur à appréhender.
Vous serez, donc, le premier marin à réaliser le Vendée Globe et l’ascension de l’Everest. Qu’est-ce que ça vous fait ?
Je n’y pense pas du tout. C’est vrai que, là, l’objectif est de tenter cette ascension. Le message est très fort vis-à-vis des patients atteints de la mucoviscidose. Toute cette communauté qui nous suit et qui va s’approprier ce projet, j’ai envie de leur envoyer un message positif. Plus que l’exploit, en soit, et que le fait d’être le premier marin à le faire.
Physiquement, même s’il y a une année d’écart, est-ce que c’est un risque d’enchaîner l’Everest et le Vendée Globe ?
C’est sûr que ça rajoute, sur le programme sportif, une difficulté. Mentalement, je pense que c’est quelque chose qui va m’aider sur les courses d’après, clairement. Parce que c’est une nouvelle épreuve et une nouvelle sensation. Mais oui, il y a quand même des risques, c’est sûr, à enchaîner un Everest des mers, puis un Everest des terres, et de nouveau un Everest des mers.
Est-ce que ça peut remettre en cause votre parcours nautique, ou alors, c’est vraiment deux passions distinctes ?
Non, pas du tout. C’est sûr que je continuerai à plus naviguer sur les océans qu’à grimper des sommets. Ma passion première, c’est quand même la mer et la voile. Même si j’ai beaucoup d’autres passions, comme le sport automobile, le surf… Je trouve ça génial de pouvoir faire plusieurs disciplines et c’est très riche d’apprentissage, et surtout de rencontres, ce sont des vraies aventures humaines à chaque fois".
Rappelons qu'outre ses sponsors privés, le marin alpiniste est soutenu par le département de la Mayenne.
(interview réalisée par Morgan Juvin et retranscrite par Mikaël Le Gac)