Les bénéficiaires des Restos du Cœur sont toujours plus nombreux
22 novembre 2022 à 8h22 par Joséphine Point
L’association qui lance sa 38e campagne hivernale constate déjà une augmentation de 12 % de personnes accueillies depuis le mois d’avril.
Après le Covid, l'inflation : les crises qui se succèdent ont nettement aggravé la précarité, au point que certaines familles doivent choisir entre "se nourrir et se chauffer", s'alarment les Restos du Cœur.
"Les premiers effets de la crise inflationniste se font déjà sentir", souligne l'association fondée par Coluche. Depuis avril, le nombre de bénéficiaires a bondi de 12 % et leurs difficultés se sont accrues, puisque 60 % (au lieu de 50 % un an plus tôt) vivent dans l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de la moitié du seuil de pauvreté (551 € par mois). 30 % n'ont même aucune ressource.
Pour mieux tenir compte de l'inflation, l'association vient d'adapter ses règles : pour évaluer si une personne est éligible à une aide, elle prend désormais en compte non seulement ses revenus et son loyer, mais aussi ses frais de chauffage.
Pour Patrice Douret, le président des "Restos", l'aggravation actuelle de la précarité conduit les personnes pauvres à de plus en plus de renoncements. "Avant, les gens nous disaient : "je ne me chauffe pas, mais au moins je peux manger". Désormais ils se sacrifient sur la santé ou l'énergie, mais en plus ils savent qu'ils n'auront pas grand-chose à manger", souligne-t-il.
Des dons plus que nécessaires
Pour autant, les Restos du Cœur n'envisagent pas de réduire l'aide apportée à leurs 1,1 million de bénéficiaires, et en appellent donc plus que jamais aux dons des Français, qui contribuent aux trois quarts des besoins de l'association.
Une générosité d'autant plus nécessaire que l'an dernier, le traditionnel concert des Enfoirés a dû être enregistré sans public à cause du Covid, ce qui a créé un manque-à-gagner de 4 millions d'euros pour l'association sur un budget total d'environ 200 millions.
Autre motif d'inquiétude : "nous avons beaucoup de donateurs modestes", souligne M. Douret, qui se demande "jusqu'à quand ils pourront continuer à donner" dans ce contexte d'inflation.
En outre, parmi les dizaines de milliers de bénévoles des Restos du Cœur, beaucoup sont eux-mêmes modestes voire précaires, et certains rencontrent désormais des difficultés à payer leurs frais de carburant pour se rendre dans les centres de distribution. Des dépenses qui donnent droit à un avantage fiscal... mais seulement pour ceux qui payent déjà des impôts. "Cela crée une inégalité entre nos bénévoles modestes et les autres", déplore M. Douret, qui réclame au gouvernement, depuis des années, que sur ce point précis la réduction soit transformée en crédit d'impôt, pour bénéficier aussi aux bénévoles modestes.
(avec AFP)