N'en jetez plus ! : récupérer les invendus dans les pharmacies et les redistribuer à des associations
10 novembre 2022 à 17h02 par Marie Piriou
Récupérer les invendus dans les pharmacies (hormis les médicaments) afin d’en faire profiter des associations caritatives locales. C’est l’objectif de l’entreprise "N'en jetez plus !" créée par la finistérienne Gwénaëlle Fichel. Nous l’avons rencontrée.
Aujourd'hui en pharmacie, 1 à 3 % des produits sont invendus et finissent à la poubelle. C’est à partir de ce constat que la finistérienne Gwénaëlle Fichel a décidé de lancer son entreprise "N'en jetez plus !".
Le principe est de diminuer le gaspillage des produits de première nécessité et de favoriser la solidarité en récupérant les invendus des pharmacies (autres que les médicaments) et les redistribuer aux bénéficiaires des associations caritatives locales. Entretien avec Gwénaëlle Fichel.
Comment avez-vous eu l'idée de créer "N'en jetez plus !" ?
J’ai travaillé pendant 11 ans pour le Laboratoire Gallia du groupe Danone où j’étais déléguée pharmaceutique. J’ai remarqué que, comme dans tous commerces, il y a une part des produits qui sont invendus, environ 1 à 3%. Malheureusement aujourd’hui, beaucoup de ces produits finissent à la poubelle.
Quel est le principe de "N’en jetez plus !" ?
Le principe, clairement, c’est de diminuer le gaspillage des produits de première nécessité et de favoriser la solidarité en faisant profiter de tous ces produits aux bénéficiaires des associations caritatives locales.
Qu’en est-il, à ce jour, de votre nouvelle activité ?
C’est en pleine phase de test actuellement et le projet avance bien. J’ai quatre pharmacies avec lesquelles je travaille pour faire des collectes ce mois-ci et en janvier. Pour que le service soit le plus adapté aux besoins et aux attentes des pharmaciens et des associations. La première collecte a eu lieu cette semaine à Brest, à la pharmacie Nicolas. 225 produits ont été récupérés et redistribués à une association caritative. Donc ça avance plutôt très bien.
Le recyclage existe déjà pour les médicaments. Comment se fait-il que ce ne soit pas encore le cas pour les autres produits invendus par les pharmacies ?
C’est vrai que les médicaments sont traités par un organisme spécifique qui s’appelle Cyclamed et qui recycle une partie des médicaments ou des emballages. Ce n’est pas encore le cas pour les produits de première nécessité. Alors je ne sais pas pourquoi. Il faudrait, en fait, vider les produits de première nécessité et recycler les contenants et les emballages. Mais ça aussi, ça demande du temps et surtout ça ne réduit pas le gaspillage. Ça ne fait profiter personne, finalement.
Quels sont les produits invendus concernés ?
Tous les produits d’hygiène : le gel douche, le dentifrice, le shampoing, etc., les produits dermocosmétiques également : les crèmes, le maquillage… Le lait infantile, les produits anti-poux, les laits solaires, etc. La liste est longue !
Que deviennent, aujourd’hui, ces produits invendus ?
Malheureusement, la plupart sont jetés. Quelques pharmaciens donnent mais de manière plutôt ponctuelle. Parce que, justement, cette démarche de dons demande du temps et de l’organisation. Aujourd’hui, les pharmacies ont beaucoup de travail, elles sont en surcharge de travail et sont souvent en sous-effectifs.
Ces produits invendus feront vraiment le bonheur d’associations caritatives locales ?
Oui, clairement. Malheureusement, le nombre de bénéficiaires augmente. En 2020, il y avait plus 20% de bénéficiaires en associations. En parallèle, le nombre de dons diminue. Les produits d’hygiène sont des produits qui sont clairement manquant en association, aujourd’hui.
Quels sont les avantages pour les deux parties ?
Du côté des associations, cela va les aider à collecter un maximum de produits d’hygiène pour les bénéficiaires. Pour les pharmaciens, cela leur permet de se mettre à la nouvelle norme de la loi AGEC qui, depuis le 1er janvier 2022, interdit de jeter des produits de première nécessité pour favoriser les dons. Cela va également leur faire gagner du temps dans leur gestion au quotidien. Et puis, il y a aussi une réduction d’impôt (de 60%) qui est assez intéressante pour eux lorsqu’ils donnent un produit.
En pratique, cela fonctionne comment ?
Dans un premier temps, il s’agit d’identifier les produits qu’on va pouvoir donner, qui sont éligibles aux dons et dans quelle quantité. Ensuite, organiser tout l’aspect logistique, aller prendre les produits des pharmacies pour les amener aux associations. Ça peut être une ou plusieurs associations, ce sera en fonction de leurs besoins. Et puis, gérer tout le côté administratif sur le listing des produits, les DLUO (Date Limite d’Utilisation Optimale) pour assurer toute la traçabilité et récupérer également les attestations fiscales.
Quels sont les secteurs géographiques concernés par votre activité ?
C’est le Finistère, Lorient et Guingamp. Parce que je connais déjà pas mal de pharmaciens sur ces secteurs.
Pensez-vous déjà développer votre activité ailleurs qu'en Finistère ?
Oui, clairement, c’est le but. L’objectif est de commencer dans le Finistère, et puis, en fonction de l’avancement du projet, c’est de le développer assez rapidement sur d’autres départements. Et puis d’embaucher, puisque là, je suis toute seule sur ce beau projet qui demande beaucoup de travail. Donc j’espère être aidée assez rapidement.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac