Nantes : quatre sympathisants d'extrême droite devant les assises pour une violente agression
Publié : 21 mars 2022 à 8h35 par Arnaud Laurenti
Ils avaient violemment agressé deux jeunes qui rentraient chez eux à vélo, en 2017. L'un d'eux souffre d'importantes séquelles.
Presque cinq ans après les faits, quatre sympathisants d'extrême droite comparaissent à partir de lundi devant la cour d'assises à Nantes pour une violente agression de deux jeunes hommes en 2017, le soir de l'élection d'Emmanuel Macron.
Le 7 mai 2017, Erwan David, 18 ans au moment des faits, et Steven Dardenne, 16 ans, rentraient chez eux en vélo quand ils avaient été poussés au sol puis frappés par des sympathisants du GUD, un syndicat étudiant d'extrême droite.
Les agresseurs s'en étaient pris à eux à coups de pieds, de barre de fer et de bouteille en verre.
Conduit inconscient à l'hôpital, Erwan David s'était vu prescrire un an d'interruption totale de travail (ITT).
Importantes séquelles
Ses deux agresseurs présumés, François-Mamès Cosseron de Villenoisy, 23 ans aujourd'hui, et Joyce Burkat, 32 ans, comparaissent jusqu'à vendredi pour des violences ayant entrainé une infirmité permanente.
"Erwan souffre de séquelles neuropsychologiques. Il a des troubles de la concentration, des difficultés à accomplir certains gestes, un sommeil très perturbé", énumère son conseil, Me Benoît Poquet.
L'avocat évoque une vie "massacrée en quelques secondes". "Il a du mal à trouver un emploi parce que la répétition des tâches est devenue compliquée. Il a du mal à sortir seul parce qu'il a toujours peur que quelqu'un le surveille ou l'attaque par derrière."
Moins mal en point à l'issue de l'agression, Steven Dardenne s'était vu prescrire une ITT de cinq jours. Ses agresseurs présumés, Antoine Desbas, 23 ans, Matthieu Gaultier de la Richerie, 24 ans, et Joyce Burkat, comparaissent pour des violences en réunion, avec usage d'une arme et préméditation.
Un cinquième accusé, Tanguy Martin, 20 ans au moment des faits, est mort accidentellement pendant la procédure.
"Violence inouïe"
Le soir de l'agression, un rassemblement contre le nouveau président avait réuni dans les rues de Nantes des militants antifascistes et anticapitalistes.
Au cours de l'enquête, l'un des mis en cause avait affirmé avoir été pourchassé par des manifestants. Croyant reconnaitre les deux victimes un peu plus tard dans la soirée, il avait décidé de "régler des comptes".
"Dans cette agression il y a une violence inouïe d'un milieu d'extrême droite qu'on croyait tapi dans l'ombre, dans le contexte d'une élection qui a manifestement exacerbé les rancoeurs et tensions", résume Me Poquet.
Les accusés, qui comparaissent libres après avoir effectué chacun entre 8 et 15 mois de détention préventive, affirment avoir coupé les ponts avec le GUD.
"Mon client était simple sympathisant au moment des faits, pas adhérent. Il était très jeune, il n'est plus le même", assure le conseil d'Antoine Desbas, Me Jean-Guillaume Le Mintier.
Au cours du procès, l'avocat entend retracer le "cheminement psychologique" de son client, jusqu'à et depuis son "endoctrinement".
"C'est un jeune homme qui a trouvé à travers cela une manière d'exister. Il s'agit d'expliquer comment des jeunes de 18 ans peuvent en arriver à intégrer ces groupes où l'on prône surtout la violence et l'endurcissement", poursuit l'avocat.
Jusqu'à 15 ans d'emprisonnement
Parties civiles, Erwan David et Steven Dardenne seront entendus mardi.
"Ce qu'(Erwan David) attend c'est que ses agresseurs s'expliquent et disent qui a fait quoi. Pour le moment ils se renvoient la balle", précise son avocat, qui ajoute: "Il faut qu'on sache enfin ce qui a pu mener ces jeunes gens à faire de son visage un ballon de football."
De son côté, François-Mamès Cosseron de Villenoisy "regrette" des faits qu'il "assume", assure son conseil.
"Il ne conteste pas le fait d'avoir commis des gestes. Il sait très bien qu'à l'issue du procès, il y aura une peine", souligne Me Loïc Cabioch.
Les agresseurs présumés d'Erwan David encourent jusqu'à 15 ans d'emprisonnement, ceux de Steven Dardenne jusqu'à 7 ans.
(avec AFP)