Les artisans se mettent à nu pour ne pas finir à poil !
10 novembre 2020 à 11h00 par Julia Maz-Loumides
Sur les réseaux sociaux, des centaines d’artisans de toutes professions postent des photos d’eux nus. Avec le hashtag "artisanapoil" ils souhaitent attirer l’attention du gouvernement sur les difficultés de ne pas être un commerce "essentiel".
Leurs professions sont à l’arrêt. Entre les confinements, le couvre-feu, les annulations de mariages, depuis le printemps 2020, les photographes, fleuristes ou encore coiffeurs exercent difficilement leur métier. À Durtal, dans le Maine-et-Loire, Mélissa Touchet ne peut plus réaliser ses clichés. Résultats : aucune rentrée d’argent. Alors, pour alerter les pouvoirs publics, suivant le mouvement de ses confrères, elle pose nue sur Instagram avec une pancarte "quitte à être mise à poil par la Covid, je préfère le faire moi-même".
Ras-le-bol national
Photographe et passionnée depuis 8 ans, Mélissa Touchet s’est retrouvée cet été avec des mariages annulés et des évènements reportés. Difficile dans ces conditions de payer le local de son studio photo. Poser nue devient alors le seul moyen de montrer sa colère. Elle explique que "le message est fort, sans être vulgaire ou violent". La photographe Emmanuelle Ossieux a lancé ce même défi à tous les artisans de Landivisiau et a déjà reçu plus d'une dizaine de participants : tatoueurs, moniteurs de centre équestre et coiffeurs.
De partout, les artisans se mobilisent. À Angers, la photographe Elisa Baron pose dans le plus simple appareil sur Instragram avec des mots forts : "La Covid-19 ne tuera pas nos entreprises et le gouvernement non plus !".
Mais les photographes ne sont pas les seuls en colère. Les coiffeurs se révoltent également et posent dans leurs salons vides. À Brive-la-Gaillarde, Elite for MEN se dénude et rappelle que son métier regroupe "85 192 salons, 200 000 travailleurs déclarés et 6 milliards de CA. Soit le deuxième secteur dans l’artisanat. L’artisanat étant le premier employeur du pays… Bref, il n’en fallait pas plus pour que nous finissions tous à poil !". Avec le hashtag "moncoiffeurapoil", les deux gérantes du Loft Studio situé à Morlaix, dans le Finistère, posent devant un téléphone portable, en talons hauts, l’une prise au piège dans le câble de son sèche-cheveux.
Des idées désinfectées
"On ne peut même pas faire les photos d’identité, se désole Mélissa Touchet, pourtant c’est sur rendez-vous, donc pas de va-et-vient entre clients. Alors ils vont dans des photomatons qui ne sont pas désinfectés et qui ne prennent pas en charge les bébés ou les personnes en situation de handicap". La photographe espère que la FFPMI (Fédération Française de la Photographie et des Métiers de l’Image) pourra faire autoriser les clichés d’identité.
Pour Mélissa Touchet, la dernière solution reste le fond de solidarité qu’elle devra demander à compter du 20 novembre 2020 pour ses pertes du mois d’octobre. En attendant, elle a dû annuler les séances photos de Noël pour lesquelles elle a acheté "plus de 100 euros de décorations". D’autres problèmes s’ajoutent notamment pour les photographies de grossesse : "une cliente future maman devait faire sa séance, nous devons la reporter mais elle doit accoucher en décembre. C’est un moment qui ne va pas pouvoir être toujours décalé !". "On est tous dans le même bateau", déclare la photographe qui espère pouvoir travailler de nouveau début décembre.