Panique à bord : fémur douloureux pour Yann Eliès
23 novembre 2020 à 6h30 par Julia Maz-Loumides
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Le Vendée Globe n’est pas surnommé l’Everest des mers pour rien. Toutes les semaines, découvrez une histoire qui fait la légende de la plus grande course au large du monde. Aujourd’hui, retour sur les 48 h de calvaire de Yann Eliès en 2008.
Skipper originaire de Saint-Brieuc, Yann Eliès multiplie les médailles en mer sur la Transat Jacques Vabre, la Solitaire du Figaro ou encore le Trophée Jules Verne. Côté Vendée Globe, sa seconde participation en 2016 – 2017 lui octroie la 5e place à l’arrivée. Mais ce qui le fait rentrer dans la légende de ce tour du monde est une histoire bien plus sombre. En 2008 – 2009 le navigateur alors âgé de 34 ans est contraint d’abandonner en raison de fractures du fémur, du bassin et des vertèbres.
Sauvé par son harnais
Pour sa première participation à cette course de légende, Yann Eliès voit grand : avec son partenaire Generali, il construit un 60 pieds en compagnie du cabinet Finot-Conq. Au départ de cette 6e édition du Vendée Globe : 30 skippers. La météo se déchaîne dès les premières semaines, les vents ne font pas de cadeaux aux marins et les avaries se succèdent.
Au 39e jour de course, le 18 décembre 2008, Yann Eliès se place en 8e position. À bord de son monocoque, il navigue au beau milieu de l’océan Indien, à près de 1 500 km des premières côtés australiennes. Comme depuis le début de ce tour du monde, la houle est forte, mais le skipper doit effectuer une petite réparation à l’avant de son bateau : un câble frotte sur une barre métallique. En appui sur le balcon, le marin comprend vite son erreur. Le monocoque se soulève dangereusement et vient se planter dans une vague, projetant son passager hors de son voilier. Heureusement ce jour-là, il porte son harnais de sécurité.
Le choc de la projection le fait souffrir. Le navigateur sent sa jambe dans un état catastrophique et n’ose imaginer les dégâts. Mais dans un réflexe de survie désespéré, il se hisse sur son monocoque et rampe comme il peut sur le ponton, descendant tant bien que mal les marches qui le séparent du cockpit. Le skipper contacte en urgence son équipe, et le premier diagnostic du docteur Chauve, médecin officiel de la course, est sans appel : fracture du fémur gauche.
L’interminable attente
Le marin, immobilisé, tente de minimiser les mouvements et de trouver la moindre position un tant soit peu confortable. Débutent pour lui 36 longues et interminables heures. L’organisation du Vendée Globe demande à Marc Guillemot, aux commandes de Safran, de se dérouter pour lui porter secours. Une assistance psychologique plus que physique dont Yann Eliès aura besoin en attendant son évacuation par le HMAS Arunto, frégate militaire australienne. Le navigateur trouve la force d’attraper une boîte d’anti-douleur et un soda, entre deux communications avec son camarade de course qui ne peut pas grimper sur le bateau sous peine de se faire définitivement éliminer.
48 h après l’accident, la frégate australienne aborde le monocoque et prend en charge Yann Eliès. Le 20 décembre 2008, le skipper est ramené à Perth et opéré en urgence avant d’être rapatrié. Il reprendra la mer l’année suivante, et finira même par se confronter à nouveau au Vendée Globe en 2016 pour enfin finir son tour du monde en solitaire si mal commencé. Mais cette fois, il naviguera sur Safran… le bateau de son sauveur Marc Guillemot !