Panique à bord : le sauvetage de Loïck Peyron
2 novembre 2020 à 6h30 par Julia Maz-Loumides
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Le Vendée Globe n’est pas surnommé l’Everest des mers pour rien. Toutes les semaines, découvrez une histoire qui fait la légende de la plus grande course au large du monde. Aujourd’hui, retour sur la déroute de Loïck Peyron pour sauver son camarade Philippe Poupon.
Navigateur nantais, Loïck Peyron n’a que 29 ans lorsqu’il prend la mer pour la toute première édition du Vendée Globe en 1989. À bord de son Lada Poch III, il se lance dans cette course inédite : un tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. Ils ne sont que 13 au départ le 26 novembre 1989, seulement 7 franchiront la ligne d’arrivée.
"Philou" à 90°
Le mois de décembre 1989 est chargé pour Loïck Peyron. Il fête ses trente ans en mer le 1er décembre et se joue lui-même les notes de "Joyeux anniversaire" sur le synthétiseur qu’il a emmené. Quelques semaines après, les organisateurs le contactent pour une demande express : le skipper doit se dérouter pour aller secourir un de ses concurrents. Le 27 décembre, Philippe Poupon, alors deuxième au général, subit une tempête dans les mers du Sud. Une rafale s’engouffre dans sa voilure qu’il n’avait pas réduite. Le bateau se couche sur le flanc, le skipper est contraint d’enclencher sa balise de détresse.
Loïck Peyron est averti dès le lendemain, 28 décembre, grâce à une radio rudimentaire. À la demande des organisateurs, étant le plus proche du lieu de l’accident, il change de direction et parcourt l’océan Indien à la recherche de son adversaire, tout près de la zone des Quarantièmes Rugissants. En 24 h, il rejoint Philippe Poupon et observe l’improbable scène : le monocoque Fleury Michon est couché sur le côté, à 90°. Loïck Peyron récupère une amarre lancée par le naufragé et va tenter une première manœuvre : remettre le bateau dans l’axe du vent. "Mesdames, messieurs, nous sommes en train de faire du remorquage", explique-t-il dans sa vidéo. Le skipper filme toute la scène, de précieuses cassettes qui permettront au Vendée Globe d’écrire sa première légende à l’époque où YouTube n’existe pas encore. L’action ne suffit pas à redresser le monocoque. Philippe Poupon doit couper les haubans de son mât d’artimon (les câbles qui relient le mât arrière au bateau) pour changer l’équilibre du navire. Ce dernier sort enfin de l’eau. Les cris de joie fusent. "Lolo, je te revaudrai ça", lâche Philippe Poupon à son sauveur qui rejoint à nouveau la course.
Loïck Peyron finira ce premier Vendée Globe à la deuxième place, en 110 jours, 1 h et 18 minutes derrière Titouan Lamazou. Une médaille d’argent et un titre de héro en poche.