Rejoindre Paris depuis le Morbihan à bord d'un bus roulant au colza
Publié : 8 juillet 2022 à 11h56 par Marie Piriou
Sur la route, il est possible désormais de rejoindre Paris depuis Grand-Champ dans le Morbihan à bord d’un bus roulant au colza 100% français. Une nouveauté que l’on doit aux Voyages Morio.
Rouler en bus écolo entre le Morbihan et Paris c’est désormais possible. Les Voyages Morio, basés dans le Morbihan, proposent de rallier la capitale depuis Grand-Champ à bord d’un bus roulant au colza 100% français pour moins de 18 euros. C’est une première en Bretagne. Nous avons rencontré Damien Kerrand, le président de Voyages Morio.
Un car qui roule au colza, ce n’est pas commun. Comment est née cette idée ?
Pendant la crise Covid, on a pris le temps de e réinventer puis de rentrer dans cette transition énergétique. On a pensé à diverses énergies, s’intéressant au gaz, à l’électricité et au B100 (biocarburant 100% colza français) qui est aujourd’hui, pour nous, l’énergie la plus adéquate à notre exploitation.
Question motorisation, comment ça marche ?
En fait, le véhicule est identique à un véhicule diesel Euro 6. Il n’y a pas de changement, hormis des petites modifications au niveau électronique pour faire en sorte que le bus prenne en charge le B100. Mais c’est le même véhicule.
Quels sont les avantages à rouler au colza ?
Le gros avantage, c’est le respect de l’environnement. En fait, on va économiser avec ces véhicules 60% d’émissions de CO2 minimum et 80% d’émissions de gaz à effet de serre. C’est un carburant qui est issu de l’agriculture française uniquement. On travaille avec Oleo100 qui produit du tourteau pour les animaux. Sur leur production, il leur reste de l’huile. Ils font d’abord de l’huile végétale et avec ce qu’il reste de la graine, ils viennent faire un biocarburant.
Et du côté des inconvénients, notamment en termes d’odeurs et de coût ?
Il n’y a pas de différence d’odeur derrière le véhicule. Concernant le coût, le prix du litre de colza est indexé sur le prix du litre de gazole, donc, on n’a pas de surcoût à ce niveau-là.
Qu’en est-il de la consommation de ces autocars ?
Le véhicule va consommer un tout petit peu plus. Notre fournisseur, Oleo100, nous annonce entre 0 et 5% de surconsommation, parce que le B100 a un pouvoir énergétique moindre que le diesel.
Quelles sont vos ambitions avec ce biocarburant ?
Là, c’est vraiment notre premier véhicule qui roule au colza sur de la longue distance. On a aussi sur le parc un véhicule qui vient d’arriver et qui va tourner avec le Bagad de Lann-Bihoué sur sa tournée européenne. C’est un véhicule qu’on va aussi proposer à toute notre clientèle : entreprises, associations. On a trois autres véhicules qui vont entrer sur le parc, qui vont rouler au colza et qui vont servir pour les scolaires : pour des classes de neige, pour du séjour linguistique. On sera capable de faire 2.500 kilomètres sans réapprovisionnement avec nos véhicules, ce qui n’est pas rien comparé à l’électrique où on ne peut faire que 400 kilomètres.
Combien de vos autocars roulent aujourd’hui au colza ?
Aujourd’hui, on a la moitié de notre flotte qui est au colza. En revanche, d’ici la fin de l’année, on aura trois véhicules supplémentaires qui seront au colza. On va parcourir plus de 80% de nos kilomètres au colza.
Et rouler au colza sur 100% des trajets, cela reste envisageable ?
Passer tout au colza, sur le long terme, pourquoi pas. Cela étant, je ne suis pas sûr que ce soit la seule solution. Sur du local, par exemple, on a deux petits véhicules électriques qui sont très bien. Mais, sur de la longue distance, ce qui représente, chez nous, 70% de notre activité, c’est la vraie solution. On peut s’attendre à ce qu’on ait 90% de notre activité au colza d’ici quelques années. Nous sommes fiers d’être le premier transporteur breton à proposer une solution pour les voyages longue distance avec une énergie verte qui est le colza. On va décarboner notre activité et ça, pour nous, c’est vraiment un point important. On s’est lancé il y a un an et on continue dans cette direction.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac